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Par Gérard Fratianni | Revue Adventiste, juillet-août 2022

III. LES JUGEMENTS IMMÉDIATS DE DIEU.

Il existe une 3e catégorie de guerres dans la Bible, qu’on appelle jugements de Dieu. Elle se rapproche du 2e cas de figure, à cette seule différence : dans ce 3e schéma le Seigneur ne consulte pas l’homme pour ce qu’il va accomplir. Il ne lui demande pas son avis. Il l’informe seulement. L’homme n’a d’autre choix que d’en prendre acte. Voici 2 exemples de ces jugements divins :

A. Le déluge

« L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leurs cœurs se portaient chaque jour uniquement vers le mal… La terre était corrompue devant Dieu, la terre était pleine de violence. Dieu regarda la terre, et voici, elle était corrompue ; car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre. Alors Dieu dit à Noé : La fin de toute chair est arrêtée par devers moi ; car ils ont rempli la terre de violence ».1

Deux mots décrivent cette civili- sation : corruption et violence. Elle est parvenue au comble de sa dégradation. Tout le corps est malade. Il faut opérer le malade pour le sauver. Lorsqu’un chirurgien ampute une jambe gangreneuse, à nous qui sommes profanes en la matière, cette mutilation nous semble cruelle et barbare. Mais le chirurgien ampute une jambe pour sauver l’autre. Il réalise un geste d’amour. Il fait œuvre de réparation. Il ne détruit pas la vie, il la favorise. Car tout ce qui ne favorise pas la vie n’est ni chemin, ni vérité.

B. Sodome et Gomorrhe

« Et l’Éternel dit à Abraham : le cri contre Sodome et Gomorrhe s’est accru, et leur péché est énorme. »2 Quand le péché atteint le ciel, on peut accuser Dieu de tout, sauf de rester indifférent. Nous comprenons cette sanction radicale. Dieu sauve ce qui peut encore être sauvé. Tout le corps est malade. Il n’y a plus assez de bien pour contrebalancer le mal. Plus assez de vie pour s’opposer aux puissances mortifères. Il en sera de même à la fin des temps, lorsque « l’iniquité se sera accrue et que la charité du plus grand nombre se refroidira »3, quand Dieu ne pouvant plus sauver les rebelles, laissera aller les conséquences de leurs transgressions. « Dieu fera retomber sur eux leur iniquité, il les anéantira par leur méchanceté, l’Éternel notre Dieu les anéantira ».4 Le péché seul responsable de la destruction.

Voici le commentaire de J. Doukhan : « C’est l’iniquité, la méchanceté qui engendre son propre châtiment. Ce n’est pas Dieu qui frappe. Le mal porte en lui le résultat de ses œuvres… S’il arrive fréquemment que la Bible attribue à Dieu aussi bien la mort que la vie, c’est essentiellement pour défendre l’idée d’un seul Dieu ».5 Le théologien Suisse Jean-Louis Leuba écrit : « Les guerres (de l’Éternel) dans la Bible, n’ont jamais pour but la destruction de l’image de Dieu, mais la préservation de cette image. Si Dieu tue, il ne fait pas œuvre de mort, au contraire, il sauvegarde la vie… Il ôte la vie sans être assassin ».6

E.G. White tient le même langage : « Dieu ne détruit personne. Ce sont les hommes qui s’autodétruisent. Nous ne devons pas nous imaginer Dieu comme impatient à punir les pécheurs pour leurs péchés. Le pécheur attire la punition sur lui-même. Ses actions font déclencher une série de circonstances dont le résultat est inévitable. Chaque acte de transgression se répercute sur le transgresseur et modifie le caractère ».7

C’est probablement ce que la Bible entend par « la colère de Dieu ». C’est quand il n’arrive plus à nous protéger de nous-mêmes. Lorsque, la tristesse dans l’âme, il sera obligé de nous laisser à ce que nous avons voulu. La « colère de Dieu » c’est le rejet de la grâce par l’homme, le refus d’être aimé. Dieu sera, alors, obligé de nous abandonner à ce que nous avons voulu. Le Seigneur abandonna Saül à son arrogance, Balaam à sa soif de prestige, Judas à sa conception erronée du Messie, le fils prodigue à sa soif d’autonomie et Démas à son siècle présent, etc. On se place hors de l’action salvatrice de Dieu. Il ne peut que prendre acte de nos choix. En ce qui concerne ce 3e cas de figure de guerre dans la Bible, bien que délicat, il ne devrait pas poser trop de problèmes à notre conscience. Le chirurgien sait ce qu’il fait.


1. Gen. 6. 5, 11-13.
2. Gen. 18. 20
3 Matthieu. 24. 12
4. Ps. 94. 23 ; « Je fais sortir du milieu de toi un feu qui te dévore ». Ez. 28. 18. Le péché devient le feu destructeur.
5. Jacques Doukhan, Aux portes de l’espérance, essai biblique sur Les prophéties de la fin, Ed. Vie et Santé, Dammarie les Lys, 1983, p. 195. Voir aussi Deut. 32. 29
6.Jean-LouisLeuba, L’ordredeDieu,Ed.du«Messager»,Genève, 1941, p.102
7.Mess.Ch.Vol.1,p.176;Voiraussi, PP,P.106;«C’estpourquoi Dieu les a abandonnés aux passions de leur cœur ». Rom.1.24


Gérard Fratianni Pasteur à la retraite