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Par Gérard Fratianni | Revue Adventiste, mai 2022

I. LES GUERRES DES HOMMES – SANS DIEU.

L’AT enestrempli.Desguerresquine sont pas ordonnées par Dieu : Guerres d’occupations et de frontières qui n’ont aucune connotation religieuse. Les hommes se battent entre eux. L’Éternel n’est pas consulté avant d’aller au front : Les guerres d’Abimelec, des 10 tribus d’Israël, de Juda, d’Absalon, de Saül, de Roboam, de Jéroboam, etc. Pendant ces guerres, le peuple de Dieu fait des choses qui ne sont ni voulues ni approuvées par Lui. Israël veut imiter les autres nations. Israël n’écoute pas Dieu et Dieu ne se mêle pas à ses combats. Ce sont des conflits pour la suprématie territoriale ; l’Éternel est le grand absent, il laisse faire. Comme il laisse faire aujourd’hui. Les hommes se battent, Dieu fait silence.

Ce qui nous laisse perplexe, c’est la condescendance de Dieu et cette discrétion divine est visible encore de nos jours. Mais ces guerres ne posent pas trop de problèmes à nos consciences. Les hommes se battent entre eux. Dieu se tient à distance.

II. LES GUERRES DE DIEU – SANS LES HOMMES

Dieu se bat et l’homme fait silence. Quelques exemples : Lors du passage de la Mer Rouge, Israël est coincé entre l’enclume et le marteau. «Ne craignez rien, restez en place, et regardez la délivrance que l’Éternel va vous accorder en ce jour ; car les Égyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus jamais. L’Éternel combattra pour vous ; et vous, gardez le silence. »1 Il faut plus de foi et de confiance, soutient J. Doukhan, quand on ne fait rien, quand on assiste passivement au combat, que lorsqu’on se bat avec une épée à la main ou avec des bombes intelligentes.

Quelques siècles plus tard, au temps de Josaphat et des guerres contre les Ammonites et Moabites, le même schéma se répète.2 « Ainsi vous parle l’Éternel, dit le prophète Jachaziel : Ne craignez point et ne vous effrayez point devant cette multitude nombreuse, car ce ne sera pas vous qui combattrez, ce sera Dieu…Vous n’aurez point à combattre en cette affaire : présentez-vous, tenez-vous là et vous verrez la délivrance que l’Éternel vous accordera ». Au temps de Josué, même cas de figure, avec la prise de Jéricho. « L’Éternel dit à Josué : Vois, je livre entre tes mains Jéricho et son roi, ses vaillants soldats. Faites le tour de la ville, vous tous les hommes de guerre, faites une fois le tour de la ville. Tu feras ainsi pendant six jours. Sept sacrificateurs porteront devant l’arche sept trompettes retentissantes ; le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville : quand ils sonneront de la corne retentissante, quand vous entendrez le son de la trompette, tout le peuple poussera de grands cris. Alors la muraille de la ville s’écroulera, et le peuple montera, chacun devant soi.» 3 Que devait faire Israël ?

• Chaque jour un tour complet de la ville (pas difficile !)

• Le 7e jour, 7 tours complets (c’est plus fatiguant !) en silence mais au son des trompettes

• Les prêtres devaient faire retentir les trompettes

• Au 7e tour, et au signal de Josué, le peuple devait crier. Les murs tomberaient. Dieu avait résolu le problème de la guerre.

La Guerre de 100 ans, de trente ans, de Sécession, la Première Guerre et la Deuxième Guerre Mondiale, de Tchétchénie, d’Irak, de Crimée, etc. Vous vous imaginez l’armée de G. W. Bush adopter cette stratégie contre Saddam Hussein, pendant le siège de Bagdad, pour faire tomber la ville du despote ? Petites ou grandes guerres, c’est toujours la guerre des hommes sans Dieu, Jéricho est la guerre de Dieu sans les hommes.

Dans la guerre de Gédéon contre les Madianites, Dieu appelle l’homme le moins militaire, le moins vaillant et le moins armé de l’époque. « L’ange de l’Éternel lui apparut et lui dit : l’Éternel est avec toi, vaillant héros ! Gédéon lui dit : « ah, mon Seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous ont-elles arrivées ? » 4

Quand la maladie, l’accident, le chômage frappent, nous croyons aussi que l’Éternel nous a abandonnés et nous a livrés entre les mains de la maladie, de l’accident, du deuil, etc. Dieu n’a-t-il pas dit : « Aucun malheur ne t’arrivera, aucun fléau n’approchera de ta tente ». « Si Dieu est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont- elles arrivées ? » 5

L’Éternel lui dit : tu battras les Madianites. Je serai avec toi dans cette guerre. Aujourd’hui Il dit : je serai avec toi dans ta souffrance, dans ton épreuve, dans ton chômage forcé, etc. Avec quelque hésitation, Gédéon rassemble 32 000 hommes de guerre. Vous êtes trop nombreux, dit Dieu. Tous ceux qui ont peur de se battre, qu’ils rentrent chez eux. 22 000 ne se le font pas dire 2 fois ! (En ce qui me concerne, je crois que j’aurais fait partie du premier détachement des 22 milles, ou sûrement avec les 12 milles autres renvoyés plus tard !) Les 300 soldats qui restèrent ne firent pas grand-chose, sinon sonner de la trompette, casser quelques cruches, et allumer des torches.

« C’est l’Éternel qui se battra pour vous ». Commentaire de J. Doukhan : « C’est une belle illustration de ce qu’est la grâce. La grâce au cœur de la guerre : La victoire n’est pas acquise par l’homme. L’homme la reçoit de Dieu. Elle n’est pas méritée ». « C’est l’Éternel votre Dieu qui a combattu pour vous ». Vos ennemis ?6

« Je les ai livrés entre vos mains… » Le peuple n’avait pas à se battre. C’est le leitmotiv de beaucoup de guerres de conquête du pays de Canaan. Flavius Joseph interprète bien l’histoire de son peuple : « Il n’y a pas d’exemple que nos pères aient réussi par les armes, ni qu’ils aient échoué sans elles, en se confiant à Dieu : en restant chez eux, ils avaient la victoire, selon ce qui semblait bon à leur Juge : en combattant, ils étaient régulièrement défaits. »7

Cette vérité détruit toutes les guerres menées au nom de Dieu, celles des fondamentalismes et intégrismes religieux, celles de l’église chrétienne avec les croisades et l’inquisition. Ce n’est pas l’homme qui doit se battre pour Dieu, c’est Dieu qui se bat pour l’homme. « C’est l’Éternel qui a fait cesser les combats jusqu’au bout de la terre ; il a brisé l’arc, et il a rompu la lance, il a consumé par le feu les chars de guerre ». 8

« Car ce n’est point par leur épée qu’ils se sont emparés du pays, Ce n’est point leur bras qui les a sauvés ; mais c’est ta droite, c’est ton bras, c’est la lumière de ta face, parce que tu les aimais » …« car ce n’est pas en mon arc que je me confie, ce n’est pas mon épée qui me sauvera ». « Ne vous épouvantez pas et n’ayez pas peur d’eux (les cananéens), L’Éternel, votre Dieu, qui marche devant vous, combattra lui-même pour vous… »9

C’est ce schéma de guerre que Dieu voulait suggérer à Israël. Il ne voulait pas que son peuple tache ses mains de sang. C’est également l’avis d’E.G. White : « Le Seigneur ne leur avait jamais commandé d’aller et de combattre. Ce n’était pas son but qu’ils conquièrent le pays par la guerre, mais par une stricte obéissance à ses ordres ».10


1. Exode : 14. 13, 14
2. 2 Chr. 20. 15,17
3. Jos. 6. 2-5
4. Juges. 6. 12-16
5.Ps.91.10;Juges6.13
6.Jos.23.3;Jos.24.11,12;Deut.1.29,30
7. Flavius Joseph, Guerre 5, p. 390, cité par Stéphane Encel, dans « Tuer pour Dieu, rapport à la la violence et sa légitimité dans le Judaïsme ancien », Paris, 2013, p.233
8. Ps. 46. 10-11
9.Ps.44.4,7;Deut.1.29,30
10. E.G. White, Patr. And Proph, p.392


Gérard Fratianni Pasteur à la retraite