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Par Fidy Andrianaivo | Revue Adventiste, février 2023

Tout membre d’Église est normalement un disciple du Christ et tout disciple authentique a vocation à former d’autres disciples. Pourtant, on peut voir dans nombre d’Églises un potentiel qui ne porte pas toujours les fruits qu’on pourrait espérer. Il y a tant de personnes qui sont baptisées depuis cinq, dix, voire trente ans, sur les bancs de l’Église. Elles aiment le Seigneur, elles demeurent fidèles, mais elles sont restées comme au début de leur conversion, toujours en attente d’être nourries, d’être encouragées, ayant besoin d’être accompagnées. Alors bien sûr, tous nous avons toujours besoin d’être nourris spirituellement, chaque jour, besoin de savoir que Dieu nous aime, besoin d’être écoutés, d’être soutenus. Nous pouvons, néanmoins être encouragés et en même temps encourager d’autres personnes, être accompagnés et accompagner d’autres personnes.

Il y a des membres d’Église qui sont en service et heureusement. Beaucoup font des visites régulièrement. Certains intercèdent. D’autres apportent des soutiens de différentes natures. Quelques-uns donnent des études bibliques. D’autres prêchent. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser à la parole de Jésus : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers » (Luc 10.2). Cette parole est plus que jamais d’actualité.

Alors, cet état de « simple » consommateur questionne. Ce n’est certainement pas par manque d’engagement, car beaucoup sont engagés ou souhaitent l’être. Je me rappelle encore une des responsables d’Église, me sollicitant régulièrement pour avoir des choses à faire, ou un jeune souhaitant être formé pour prêcher, et les exemples ne manquent pas. Mais d’un autre côté, il y a aussi ceux qui me disent qu’il faut faire ceci ou cela, en faisant bien comprendre que c’est mon rôle de pasteur, et ils sont plus nombreux. Évidemment, pour ne pas me culpabiliser, ils n’oublient jamais de dire : « Je sais que tu es très chargé, tu as déjà beaucoup de choses à faire ».

Alors j’en ai fait un sujet de prière. J’ai pris à la lettre ce que Jésus a dit : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Luc 10.2). J’ai lu plusieurs ouvrages sur la multiplication des disciples, sur le leadership. Quelques-uns ont changé ma vision du ministère, ma façon d’être et de faire. Je pense notamment au Ministère évangélique d’Ellen White, un livre qui a transformé ma vie en tant que disciple et enfant de Dieu. Une Bible, du café… des disciples de Neil Cole, un très bon témoignage sur la puissance transformatrice de la Parole de Dieu. Les cinq niveaux de leadership de John Maxwell, que je recommande vivement à toute personne qui accompagne ou qui souhaite en accompagner d’autres.

Dans mes méditations personnelles, Dieu m’a beaucoup éclairé. Je pense notamment à la manière dont Jésus s’y est pris avec ces disciples. Quand j’étudie l’évangile de Matthieu et j’observe comment il était, comment il a fonctionné avec ces disciples, j’ai compris un peu mieux ce qu’il voulait dire par : « Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé… » (Matthieu 28.19-20). Et je continue encore à apprendre.

De même, quand j’étudie comment l’apôtre Paul a fait avec ceux qu’ils formaient et particulièrement avec Timothée, je suis interpellé comment il l’a intégrer en le faisant participer à son propre ministère. Il l’associe même pour écrire aux Églises (Corinthiens, Philippiens, Colossiens, Thessaloniciens). Paul forme Timothée quand il lui dit : « Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des gens dignes de confiance qui seront capables, à leur tour, de l’enseigner à d’autres » (2 Timothée 2.2). Cela a été le déclic pour moi.

En effet, jusque-là mon ministère était principalement orienté sur le fait de faire des disciples. Dans « faire des disciples » entendez : donner des études bibliques en vue du baptême et espérer voir le nombre des membres croître. Ainsi, en dehors de l’organisation de l’Eglise, des visites, des réunions de prière, des prédications et autres, une grande partie de mon temps était consacré à préparer des études bibliques et à en donner. A part quelques rares fois où j’étais accompagné par un ancien, j’étais seul.

Alors ce que Paul dit à Timothée a chamboulé ma façon de voir. Il est clair que l’intention de Paul est de confier l’enseignement à « des gens qui seront capables, à leur tour, de l’enseigner à d’autres ». Autrement dit, faire des disciples qui, à leur tour, feront aussi des disciples. Cela revient à ce que Jésus dit dans Matthieu 28. En effet, Jésus s’est adressé à ses disciples (et non aux apôtres) pour faire des disciples (Mt 28.16,19). Et nous comprenons bien que le mandat de Jésus ne s’arrête pas à la génération des premiers disciples. Cela se perpétue aujourd’hui et ce jusqu’à son retour. Mais le fait de l’expliciter tel que Paul l’a fait a rejoint ma capacité de compréhension.

Depuis, j’ai mis l’accent sur la formation des membres pour qu’eux aussi forment de nouveaux disciples. Nous sommes même allés plus loin, en préparant les futurs baptisés, avant même qu’ils soient baptisés, à ce rôle de « disciples qui font des disciples ».