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Avant même de s’organiser en Église, les Adventistes ont voulu partager leurs convictions par le média le plus efficace de l’époque : la presse écrite. C’est ainsi que James White a lancé en 1849 le premier périodique The Present Truth (8 pages, mensuel, tirage : 2 000 exemplaires). Pour imprimer ce journal et différents tracts, James White a ensuite créé la première imprimerie adventiste à Rochester, New York, Etats-Unis (en 1852)1. Le désir que la propriété des locaux et des machines de cette imprimerie et d’autres établissements ne reste pas celle de personnes privées mais devienne celle d’une personne morale, a été l’un des arguments qui les a décidés en 1863, après beaucoup d’hésitations, à s’organiser en Église selon la législation américaine.

Fort de cette expérience des pionniers adventistes, Michael Czechowski, un ancien prêtre catholique d’origine polonaise converti à l’adventisme, venu en Suisse pour partager ses nouvelles convictions, publie entre juin 1866 et décembre 1868 le mensuel L’Évangile éternel. Même s’il est soutenu financièrement par une autre dénomination, il implante quelques groupes d’adventistes observateurs du sabbat.

John Andrews, le premier missionnaire adventiste américain envoyé officiellement par l’Église en Europe, avait appris le français et était capable de le lire. Dès son arrivée en Suisse, il réunit le 15 novembre 1874 au Locle les quelques chrétiens adventistes de la région et leur propose de donner régulièrement de l’argent pour publier des tracts en français. Il fait aussi passer des annonces dans des journaux connus pour demander aux observateurs du sabbat et aux curieux de cette pratique de lui répondre. Il n’obtient que deux réponses. Il est convaincu que des tracts ne suffisent pas. Il faut publier un périodique. Dès 1875, la Conférence générale des Adventistes du septième jour soutient son projet et promet une aide financière. De son côté, il réunit des fonds et des adresses. De Neuchâtel, il part le 19 avril 1876 s’installer à Bâle pour pouvoir aussi publier des tracts en allemand.

Une fois rejoint par un missionnaire canadien d’origine française, Daniel Bourdeau, il crée la revue d’évangélisation Signes des temps dont le premier numéro paraît en juillet 1876 (8 pages, 30 cm x 41 cm, mensuel, tirage : 2 000 exemplaires). Augustin Bourdeau, frère de Daniel, et Louis Aufranc travaillent à temps partiel avec lui à la rédaction. Louis Aufranc est un enseignant professionnel qui consacre son temps libre à ce travail d’édition. Au bout de 5 mois de publication, la revue compte 400 abonnés surtout en Suisse et en France. Les autres exemplaires sont distribués par les adventistes de Tramelan, Neuchâtel, Le Locle et Bâle. Mais John Andrews tombe malade. Daniel Bourdeau travaille à Valence dans le Sud de la France. Que faire ? On songe à ne faire paraître la revue qu’une fois tous les deux mois. Daniel Bourdeau revient et la publication peut continuer.

À partir de juin 1880, la revue s’étoffe tout en réduisant son format : 16 pages, 20 cm x 33 cm)2. Mais la santé de John Andrews se dégrade. Pour l’aider, B. L. Whitney arrive des Etats-Unis en juillet 1830 mais John Andrews meurt le 21 octobre 1883. Whitney le remplace à la tête de la mission adventiste d’Europe centrale et de ses publications. Jean Vuilleumier, fils de l’un des premiers adventistes suisses de Tramelan, âgé de seulement 19 ans, est embauché comme secrétaire, traducteur et rédacteur. Il accomplit ce travail jusqu’en 1890. Afin de réduire le coût des impressions, un terrain est acheté et un bâtiment de 5 niveaux (sous-sol, rez-de-chaussée et trois étages dont un mansardé au sommet) est achevé en 1885. Cette construction coûte 30 000 US$. Elle abrite l’imprimerie polyglotte. Un périodique en allemand, un en italien et un en roumain sont alors lancés. Dans ce nouveau bâtiment se trouve aussi une salle de réunion, des bureaux pour le siège de la Fédération de Suisse qui venait d’être organisée et des logements. Ellen G. White, qui visite l’Europe, séjourne au deuxième étage de ce bâtiment situé 48 Weiherweg à Bâle. Elle en fait son quartier général entre chacun des voyages qu’elle effectue dans différents pays d’Europe entre le 3 septembre 1885 et le 18 avril 1887. Ce bâtiment est vendu en 1905 pour permettre l’achat de la propriété de La Lignière à Gland (Vaud). Il est démoli en 1974.

Les périodiques

En 1890, sous la direction du Dr Perry De Forest, est lancée la première revue mensuelle de santé, Le Vulgarisateur et Messager de l’hygiène (16 pages). Ce périodique compte 9 000 abonnés en 1897. Mais en 1895 l’imprimerie polyglotte doit fermer à cause d’une loi interdisant le travail le dimanche. Le travail de rédaction, de traduction et d’édition se poursuit uniquement en langue française sous le nom de Société internationale des traités. Les publications en d’autres langues européennes se poursuivent dans d’autres pays. Les périodiques et les livres en français sont alors imprimés par des imprimeurs non adventistes locaux. En septembre 1896 est lancée le bimensuel Le Messager de la Prophétie (8 pages) sous la responsabilité de Jean Vuilleumier. En 1905 ce périodique n’est plus destiné au grand public mais réservé aux membres d’église afin de les former et de les informer.

En janvier 1901 pour les 25 ans de la revue Signes des temps un numéro spécial est publié à 20 000 exemplaires et destiné à l’évangélisation par les pasteurs, les colporteurs et les membres.

En 1902 Jean Vuilleumier, rédacteur de Signes des temps, est assisté par B. G. Wilkinson et Joseph Curdy. En 1904 le tirage n’est que de 2 400 et c’est intenable financièrement. Après les efforts de tous il passe à 6 800 en 1906, 5 000 en 1907.

Entre 1909 et 1911 on cherche comment développer la diffusion de Signes des temps en France. Plusieurs trouvent que la revue n’est pas adaptée pour un public catholique. Mais on hésite à la transformer de peur de perdre le soutien des adventistes suisses.

En 1910 Eunice Noually est rédactrice de Signes des temps. À partir de 1915 Alfred Vaucher est le rédacteur des Signes des temps et du Messager.

En 1918, Jean Vuilleumier revient du Canada et devient le rédacteur en chef de la maison d’édition et de la Revue adventiste qui débute en janvier 1921 (bimensuel de 16 pages).

En 1919 on décide de transférer la rédaction de Signes des temps en France sous la responsabilité d’un comité de rédaction composé d’Alfred Vaucher, Jules-César Guenin, Maurice Tièche et Jules Rey.

Les livres

Parmi les livres publiés à cette époque il faut mentionner Vers Jésus d’Ellen G. White sort en 1895. La grande controverse entre Christ et Satan pendant la dispensation chrétienne, d’Ellen G. White traduite par Jean Vuilleumier, rédacteur en chef, est publié en 1898. En 1906 est publié le livre illustré de Jean Vuilleumier, Les prophéties de Daniel et leur accomplissement historique. Un volume de 392 pages avec de nombreuses illustrations noir et blanc, des cartes et des graphiques sur les périodes prophétiques. Ces livres montrent le désir des adventistes de partager leur compréhension de la période finale de l’histoire dans laquelle ils vivent. Ce dernier livre contient en extrait du catalogue de la Société internationale des traités qui montre que les livres d’Ellen G. White, Patriarches et Prophètes et Tempérance chrétienne sont aussi traduits et disponibles en français.

Le colportage

C’est aussi en 1896 que Jean-Daniel Geymet, le premier adventiste de Torre Pellice dans les vallées vaudoises d’Italie, devient le premier colporteur adventiste européen.

Pour stimuler le travail des colporteurs, Gustave Roth est déchargé de toute autre responsabilité pour s’occuper exclusivement de recruter, de former et d’encourager les colporteurs.

En 1903 il y a 7 colporteurs-évangélistes en Suisse romande et 3 en France qui vendent les périodiques et livres adventistes en français.

En 1921 l’Union latine compte un total de 23 colporteurs.

Administration

En 1903, sous la direction de Jules Robert, le siège de la Société Internationale des Traités est transféré de Bâle à Genève (29 rue de la Synagogue).

Une succursale de la Société internationale des traités est ouverte à Paris. En 1910 son siège est transféré à Gland sur la propriété de la clinique La Lignière, où une imprimerie est installée en 1914. De 1910 à 1915 Édouard Borle dirige cette institution placée sous la responsabilité de l’Union latine. De 1915 à 1922 Jules Robert en assume à nouveau la direction. En 1919 tous les responsables sont convaincus qu’il faut établir une maison d’édition adventiste en France.

En 1921, le Comité de l’Union latine des adventistes du septième jour décide, compte tenu de ce qui s’est passé au début du 20ème siècle et pendant la Première Guerre Mondiale, de ne pas concentrer toutes ses institutions sur un même lieu. L’école pastorale est installée à Collonges-sous-Salève, la clinique et la formation du personnel infirmier reste à Gland, et la maison d’édition doit être l’installée en France. Cette maison d’édition a vendu pour presque 15 000 $ de livres et un peu plus de 19 000 $ de périodiques cette année 1921.

En février 1922 une propriété d’environ 13 000 m2 est achetée à Dammarie-les-Lys, ville située près de Melun en Seine-et-Marne à une cinquantaine de Km de Paris. Une partie du financement de cet achat est offert par l’une des maisons d’édition adventiste américaine : la Southern Publishing Association installée à Nashville dans le Tennessee. En mai de cette année-là a lieu le déménagement du personnel et des machines de la Société internationale des traités de Gland à Dammarie-les-Lys.


1. Voir Robert Gerber, Le Mouvement adventiste. Origines et développement, Dammarie-les-Lys, SDT, 1950, p. 82, 83.
2. Voir Bernard Sauvagnat, “The Missionary Editor” in J. N. Andrews. The Man and the Mission. Harry Leonard, ed., Berrien Spring, MI, Andrews University Press, 1985, p. 285-308.