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Par Marcos Passegi | DIA

Shawn Ellis, un pasteur dont la carrière précédente de toxicologue et de président d’une entreprise de consultation en environnement, a fait une présentation sur la qualité de l’air intérieur le 3 avril dernier lors du Sommet sur la santé de la Division nord-américaine à Lexington, dans l’État américain du Kentucky.

« Combien de temps la personne nord-américaine moyenne passait-elle à l’intérieur avant la COVID? a-t-il demandé au début de sa présentation. Soixante-quinze pour cent de son temps. Mais durant la COVID, c’est passé à cent pour cent! »

On s’attendait donc à des conséquences pour un tel confinement. M. Ellis a rappelé à son auditoire qu’il y a plus d’un siècle, Ellen G. White, co-fondatrice de l’Église adventiste du septième jour, a écrit, dans son livre Le ministère de la guérison, que c’est « affaiblir l’organisme tout entier que de vivre dans des chambres fermées, mal aérées, où l’atmosphère est viciée » (p. 230).

Au cours des 90 minutes qui ont suivi, il a expliqué pourquoi la qualité de l’air intérieur (QAI) est un élément clé au maintien optimal de la santé physique, émotionnelle et mentale.

Une tendance préoccupante

Avant les années 1970, il n’y avait pas vraiment de problèmes de la QAI, a expliqué M. Ellis. L’air du bâtiment moyen était entièrement évacué toutes les heures. Mais les choses ont ensuite changé. « Nous sommes passés de 1,00 à 0,3, c’est-à-dire qu’il faut maintenant près de trois heures pour que l’air extérieur chasse tout l’air intérieur d’un bâtiment. »

Qu’est-ce qui a amené cette tendance? Dans les années 1970, l’électricité est devenue dispendieuse, a-t-il rappelé aux participants, et on a commencé à mieux isoler les bâtiments pour économiser de l’énergie et de l’argent. « Nous nous sommes enfermés dans les problèmes environnementaux de nos bâtiments, quels qu’ils étaient, a-t-il expliqué. Il en est donc découlé de nombreux problèmes de santé qui coûtent des millions de dollars par année et des milliards d’heures de travail perdues. »

C’est un changement qui a également affecté la santé mentale des gens, a-t-il dit. Dès lors, pour de nombreuses personnes, les choses n’ont plus jamais été pareilles.

Les agents dangereux

Dans les maisons, on retrouve des produits chimiques, physiques et biologiques qui peuvent affecter notre santé, a expliqué M. Ellis. Une analyse chimique peut déterminer la composition de l’air d’un bâtiment.

« Si je vérifiais votre maison, je trouverais des centaines d’agents chimiques dans l’air », a-t-il dit. La liste comprend des agents difficiles à prononcer, comme du dichloropropane, du bromodichlorométhane et du tétrachlorure d’éthylène, pour n’en nommer que quelques-uns. « Certains sont liés à des produits nettoyants, comme les odeurs de pin, par exemple. Ceux-ci ne sont pas nécessairement mauvais, mais leurs effets dépendent de la sensibilité des gens. »

C’est parfois le problème des nouvelles voitures et des nouveaux canapés, a expliqué M. Ellis. « Il faut ouvrir les fenêtres et bien ventiler la voiture ou la pièce, car parfois, nous sommes assis dans une grosse soupe chimique sans même le savoir. Et oui, certains de ces agents chimiques semblent carcinogènes », a-t-il dit.

Il a partagé l’histoire d’un mari et de sa femme dans la soixantaine avancée qui vivaient dans un vieil appartement. Ils n’arrivaient pas à dormir la nuit et souffraient de maux de tête récurrents. Mais les médecins ne trouvaient aucune cause médicale.

Puis M. Ellis a été appelé à faire une évaluation de la QAI. Il a trouvé très peu de mouvement de l’air dans leur appartement ainsi qu’une température ambiante atteignant les 25 °C. Les composés organiques volatils totaux (COVT) étaient élevés à cause du dégazement (agents chimiques émis de matériaux nouvellement fabriqués) et de la pressurisation (pression causée par le système de ventilation d’un bâtiment).

Pour remédier à la situation, ils ont dû retirer les couvertures de plastique et tirer profit du chauffage naturel afin d’accélérer le dégazement. « Nous avons aussi ajouté des points d’échappement et, très rapidement, leurs problèmes de santé se sont résorbés », a raconté M. Ellis.

Les agents physiques et biologiques

Parmi les agents physiques, on retrouve l’humidité relative (la quantité d’humidité dans l’air), qui peut avoir des effets néfastes. « Certains ont seulement la peau sèche, a dit M. Ellis. Mais pour les gens sensibles, cela peut être bien pire. »

Il a parlé d’une mère au début de la quarantaine aux prises avec des problèmes respiratoires récurrents durant l’hiver. Elle était la seule membre de sa famille affectée, et une analyse des COVT n’a rien révélé d’anormal. Mais on a découvert que le chauffage et l’isolation rendaient l’air de la maison extrêmement sec, ce qui peut, dans certains cas, être très irritant et même augmenter les risques d’infection. Dans ce cas, l’achat d’un thermohygromètre (appareil mesurant l’humidité relative) et d’un humidificateur portatif a amélioré la situation ainsi que l’état de la dame.

D’autres agents physiques peuvent affecter un bâtiment, comme les taux de rayonnement du radon et d’amiante, tous les deux connus pour être liés au cancer.

Les agents biologiques, comme la moisissure et les champignons, peuvent aussi affecter la QAI. Ils ne sont pas mauvais en soi, puisqu’ils sont des « agents naturels de recyclage instaurés par Dieu », a expliqué M. Ellis. Mais dans la maison, ils peuvent augmenter les risques pour la santé étant donné leurs spores en suspension, qui, selon la quantité et la sensibilité d’une personne, peuvent devenir allergènes, voire toxiques. Ils peuvent même avoir des conséquences psychologiques, a-t-il ajouté.

Il a également raconté l’histoire d’un père de famille en télétravail dans une vieille maison qui présentait des symptômes flous, mais qui était le seul à en souffrir. Sa famille croyait qu’il mentait. « Mon père est simplement fou et paresseux », a dit l’un de ses fils à M. Ellis lorsqu’il a tenté de démystifier le problème.

Après une analyse de la maison, M. Ellis et son équipe ont découvert que, sous le revêtement et la plupart des carreaux, la maison était recouverte de moisissure et de champignons. L’équipe a donc proposé une solution semblable à celle que Dieu avait ordonné à Israël de suivre dans Lévitique 14.41, c’est-à-dire de « racler tout l’intérieur de la maison; et [de jeter] hors de la ville, dans un lieu impur, la poussière qu’on aura raclée » (LSG). Les symptômes de l’homme ont disparu et l’harmonie familiale est revenue.

Comment augmenter la qualité de votre air intérieur

La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons tous contribuer à l’amélioration de la qualité de notre air intérieur, a dit M. Ellis. D’abord, il nous recommande de connaître nos systèmes. Il faut aussi effectuer l’entretien des bâtiments, ce qui implique des coûts, et les inspecter nous-mêmes.

« Vous devriez aussi concevoir un plan de QAI, a-t-il ajouté, comprenant le remplacement des filtres et des détecteurs de monoxyde de carbone. »

Dans le cas d’une inondation, il recommande le retrait de l’eau et l’assèchement de la structure du bâtiment dans les 48 heures du dégât.

Enfin, il est important, selon lui, de prévoir les rénovations minutieusement, de connaître les substances et les matériaux utilisés dans le projet et d’éviter de faire des rénovations facultatives en hiver.

« Bref, souvenez-vous d’utiliser vos sens, a-t-il conclu. N’oubliez jamais que la QAI est un élément essentiel de votre santé globale. »


Traduction : Marie-Michèle Robitaille