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Par Jae Man Park | Adventist World, mai 2023

Lorsqu’une nouvelle voie s’ouvre, des obstacles inattendus se mettent en travers du chemin – c’est inévitable. Le lancement de Adventist World n’y a pas échappé. Jae Man Park, rédacteur en chef de la maison d’édition coréenne, s’est entretenu avec le pasteur Pyung Duk Chun, lequel a contribué à poser les fondations du projet.

Jae Man Park : Depuis la première publication de Adventist World jusqu’à il y a quelques années, vous avez travaillé en tant que directeur international de la publication pour cette revue. J’ai entendu dire que la Corée avait joué un rôle important dans ce projet. De quoi s’agit-il exactement ?

Pyung Duk Chun : À l’instar des autres unions et fédérations, l’Union des fédérations coréennes envoie des offrandes à la Conférence générale, y compris celles de l’École du sabbat. Comme l’envoi d’argent à l’étranger n’était pas possible en raison de la Loi sur le contrôle des devises en Corée, ces offrandes sont restées bloquées dans ce pays pendant des décennies – une somme, vous l’imaginez, considérable. L’Église adventiste a pour principe que les offrandes doivent être utilisées conformément à l’intention des donateurs, mais les circonstances rendaient la chose impossible. Cette problématique a certainement suscité de nombreux doutes, mais il n’y avait aucun moyen de la résoudre. C’est alors qu’il a été question de Adventist World.

Comment la Conférence générale communiquait-elle avec l’Église mondiale à cette époque ?

L’Église adventiste avait et a toujours un périodique représentatif, Adventist Review, mais le lectorat se trouve principalement en Amérique du Nord. Il n’existait pas de revue confessionnelle distribuée gratuitement dans le monde entier. À l’époque, certains ministères publiaient leurs propres revues et les distribuaient dans le monde entier. Jan Paulsen, alors président de la Conférence générale, trouvait dommage que l’Église mondiale n’ait pas de revue officielle représentative de l’Église adventiste.

C’est ainsi qu’il a été proposé de créer une revue internationale. La nécessité de distribuer une telle revue s’est imposée dans le but d’unifier davantage l’Église mondiale. En outre, une revue mondiale aiderait les membres à accepter facilement les 28 croyances fondamentales de l’Église, à partager les dernières nouvelles du champ mondial, et à encourager les missions.

Adventist World ferait donc d’une pierre deux coups ?

Absolument ! C’était une bonne idée d’utiliser les offrandes bloquées en Corée pour ce ministère. Mais quand nous nous sommes mis au travail, c’était comme si notre chat était mort dès le début. À l’époque, les dirigeants de la Conférence générale avaient traité le dossier par l’intermédiaire d’un grand cabinet d’avocats en Corée. Cependant, ils n’avaient reçu que des réponses négatives de la part du ministère de la Culture et du Tourisme (actuellement ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme), lequel gère la publication des revues en Corée. Pour pouvoir publier une revue internationale en Corée, il faut que plus de 50 pour cent des éditeurs et des auteurs soient coréens. À l’époque, j’étais le seul Coréen impliqué dans ce projet.

Parlez-nous un peu de la façon dont ça s’est passé.

Au début de 2005, ça faisait déjà deux ans que j’étais à la retraite (j’avais été président de la Division Asie-Pacifique Nord). L’assemblée administrative de la Conférence générale de juillet 2005 approchait à grands pas. On prévoyait de distribuer le premier numéro de Adventist World au cours de cette session, mais les circonstances nous empêchaient d’y arriver.

Pour être honnête, j’observais la situation de loin. Je n’aimais pas la façon dont le cabinet d’avocats gérait les choses. Puisqu’ils avaient été payés, ils auraient pu se pencher sur la question, mais ils ne semblaient pas avoir la volonté active de la résoudre. Alors, une idée m’est venue – je ne sais trop d’où. J’ai dit aux dirigeants de la Conférence générale et à William Johnsson : « Lorsqu’on s’occupe de ce genre de choses, il y a souvent d’autres portes que la plupart des gens ne connaissent pas bien. Si vous me le permettez, j’essaierai d’en ouvrir une. » Tout le monde a été surpris de mon intervention ! Ils m’ont dit : « Mais qu’est-ce que vous allez faire ? »

Que leur avez-vous suggéré ?

Je leur ai dit : « Écoutez, je ne peux pas garantir que j’y arriverai, mais en tout cas, je vais essayer. Quand il est impossible de passer par la porte principale, on se sert de la porte arrière. Mon appartement en a une, et les gens aiment entrer par là – c’est donc la porte qu’ils utilisent officiellement. Je me suis dit qu’une porte comme celle-là, ça doit bien exister quelque part ! » Quand, par le passé, j’avais eu des difficultés à utiliser les fonds de la Division Asie Pacifique-Nord, j’avais contacté un haut fonctionnaire du Service de surveillance financière coréen que je connaissais et je lui avais dit : « Nous avons un problème ! Pourriez-vous nous aider, s’il y a une solution ? Je ne vous demande pas de nous enseigner comment nous faufiler de façon illégale, mais de nous trouver des moyens légaux de résoudre notre problème. » Je n’ai pas perdu mon temps à donner les détails de notre situation. Je lui en ai simplement donné les grandes lignes avec sincérité.

Et ça a fonctionné ! C’est ce que j’ai expliqué aux gens de la Conférence générale : que je trouverais un moyen.

Et comment vous y êtes-vous pris ?

Je me suis tourné vers le ministère de la Culture et du Tourisme. L’un des directeurs de l’Union des fédérations coréennes m’a dit qu’il connaissait quelqu’un avec qui il avait étudié à l’université et qui était vérificateur au ministère de la Culture et du Tourisme. Nous sommes donc allés le voir ensemble. Nous avons parlé ouvertement de notre situation et demandé de l’aide. Nous avons alors appris que l’approbation des revues ne relevait pas du ministère de la Culture et du tourisme, mais du bureau du gouvernement provincial. Je n’ai même pas eu à me rendre à ce bureau. Le vérificateur a lui-même logé un appel téléphonique depuis son bureau, et une porte s’est ouverte. J’ai ensuite reçu l’autorisation de m’enregistrer. Ainsi, le problème a été résolu sans dépenser un centime.

Lorsque j’ai dit à la Conférence générale que nous avions carte blanche, sur le coup, personne ne m’a cru ! Cependant, le permis d’enregistrement a été délivré en juillet de cette même année, lors de l’assemblée administrative de la Conférence générale. Je l’ai reçu par fax de la Corée, je l’ai traduit puis l’ai remis à la Conférence générale.

Et c’est ainsi que la publication de Adventist World a pu se faire ?

Oui. Dès que nous avons reçu l’approbation, nous nous sommes attelés à la tâche. Comme il était trop tard pour publier le premier numéro lors de l’assemblée administrative de la Conférence générale de juillet, le premier numéro est sorti en septembre 2005. Jan Paulsen et William Johnsson pensent que j’ai fait une sorte de miracle, mais ce n’est pas le cas ! Nous connaissons tous celui qui est capable de tourner les crises en occasions et les pierres d’achoppement en tremplins, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est ce qu’il a fait !


Une entrevue de Jae Man Park, Ph.D., éditeur de Korean Publishing House et éditeur de Adventist World, à Séoul, en Corée.