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Par Robert Charvin | Revue Adventiste, avril 2022

L’auteur de cet article relatif à la création telle qu’elle est décrite dans la Bible, présente la compréhension qu’on peut avoir du texte (version Segond révisée) lorsqu’on adopte une certaine rigueur dans l’exégèse et qu’on tient compte parallèlement de diverses données scientifiques.

Le texte du premier chapitre de la Genèse comporte un préambule (versets 1 à 5), puis le récit des six jours de la création (versets 6 à 31). Ensuite les trois premiers versets du chapitre 2 traitent de la clôture de la création.

Le préambule

Le texte du préambule débute par une affirmation lapidaire : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre ». « Au commencement » est une notion très vague : il n’y a pas de date. 0n pourrait dire : Dieu créa les cieux et en particulier, ce qui nous intéresse plus précisément, la terre.

Il n’est pas donné non plus d’indication sur la façon selon laquelle Dieu a créé la terre sous sa forme primitive. Il est uniquement donné des précisions sur son aspect initial.

La terre dans son aspect initial est décrite dans le verset 2 comme étant informe et vide, dans les ténèbres et avec des eaux.

Elle est informe c’est-à-dire impropre à y être habitée, et vide c’est-à-dire non remplie, que ce soit par des végétaux ou des êtres vivants.

Elle est dans les ténèbres, alors que la lumière est indispensable pour qu’une forme de vie puisse s’y développer. Elle se présente avec des eaux, mais quel sens faut-il entendre par le mot «eaux» employé à la fin du verset 2 ? On voit aux versets 6 et 7 que le mot « eaux » est utilisé pour désigner à la fois les eaux et les gaz. En français on a un terme pour désigner à la fois les états liquides et les états gazeux, c’est le mot fluide.

Pour les astronomes, il y a dans l’univers deux types de planètes : les planètes dites gazeuses (par exemple les planètes du système solaire les plus éloignées du soleil à savoir Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) et les planètes dites telluriques (par exemple celles les plus proches du soleil à savoir Mercure, Vénus, la Terre et Mars). Pour qu’il y ait de l’eau sur une planète, il faut des conditions précises de température et de pression avec notamment une source de chaleur non trop éloignée. De ce fait, en l’absence de lumière en tant que source de chaleur, la terre devait être une planète gazeuse.

Il apparait ainsi qu’avant les six jours de la création, la terre existe déjà mais sous une forme primitive non habitable. La suite du texte va montrer que toute la terre va, dans un premier temps, être organisée pour qu’elle devienne une planète où il puisse y avoir la vie, puis dans un deuxième temps être remplie par de la végétation et des êtres vivants.

La lumière (1er jour)

« Dieu dit : que la lumière soit ! Et la lumière fut ». Ainsi, Dieu crée de la lumière pour éclairer la terre. Ensuite, au verset 4, la lumière est mise en opposition avec les ténèbres. C’est la conception d’une lumière en soi qui est présentée. A ce stade, il n’est pas donné d’indication sur la source de cette lumière. On verra plus loin que la lumière peut avoir diverses origines et non seulement celle donnée par les astres. La lumière est le premier préalable pour qu’il puisse y avoir de la vie.

Il est dit que la lumière est appelée « jour » et les ténèbres « nuit ». Ici le mot « jour » n’est pas une notion de durée, mais une notion d’état des choses (éclairé ou non). Le mot « jour » a en effet deux sens principaux : le premier est celui de clarté, et l’opposé du mot « jour » est « nuit », le second est celui d’une période de 24 heures. Si on garde pour le mot « jour » ce sens de clarté tel qu’il est défini dans le texte lui-même, on est alors conduit à comprendre que le récit de la création est présenté en six périodes de clarté (ou six phases) entrecoupés de périodes de ténèbres. Ceci n’est pas sans analogie, comme on le verra dans la suite du texte, avec les journées normales d’activité des hommes dont le travail s’achève le soir et redémarre le matin.

Quant à savoir quelle aurait été la durée de ce temps de clarté suivi d’un temps d’obscurité, il faut noter qu’il est très hasardeux de vouloir répondre à cette question si on tient compte de la théorie de la relativité.

L’atmosphère et les océans (2e jour)

Lors de cette deuxième phase, Dieu fait que la terre ne soit plus uniquement gazeuse mais qu’elle soit constituée de deux types de fluide, à savoir air et eau, avec une séparation entre les deux. Un nom est donné à l’étendue gazeuse à savoir « ciel », et le mot « eaux » est réservée alors à l’étendue liquide.

Ceci est possible du fait que la lumière créée auparavant apporte de la chaleur et qu’il peut y avoir une formation d’eau, et donc la terre commence à devenir une planète tellurique.

Les continents et la végétation (3e jour)

Lors de cette troisième phase, Dieu fit que les eaux se rassemblent et que le sol sec apparaisse, puis que la terre produise de la végétation, laquelle sera nécessaire pour nourrir les êtres vivants qui seront créés lors des deux dernières phases.

On a alors les trois états de la matière présents sur la terre (solide, liquide et gaz) et la végétation peut pousser car il y a un sol, de l’eau, de l’air ainsi que de la lumière apportant clarté et chaleur.

Les luminaires de la voie lactée (4e jour)

Dieu fait qu’il y ait « des luminaires pour séparer la nuit d’avec le jour et pour « que ce soit des signes pour marquer les périodes, les jours et les années ». D’aucuns considèrent incohérent le fait que de la lumière ait pu éclairer la terre avant que Dieu ait fait le soleil, la lune et les étoiles, car actuellement sur la terre, la majorité de la lumière provient du soleil. Mais la lumière peut être obtenue par diverses façons indépendamment du soleil, notamment par toutes sortes de combustions, de réactions chimiques ou nucléaires et par toutes sortes d’énergies, en les transformant par exemple d’abord en électricité.

Il est à noter que dans l’Apocalypse il est précisé que sur la nouvelle terre il n’y aura « ni soleil, ni lune » pour éclairer la nouvelle Jérusalem et que de ce fait, « ses portes ne se fermeront point le jour, car il n’y aura point de nuit » (Apocalypse 21, 23- 25). Dans ce texte de l’Apocalypse comme dans celui du premier jour de la création, il n’est pas donné de précisions sur l’origine de la lumière qui est présente.

Dans nos calendriers, on retrouve tout naturellement les trois périodes liées aux mouvements de la lune et de la terre auxquelles il est fait allusion dans le texte. Il s’agit du mois, du jour et de l’année qui correspondent respectivement aux durées de la rotation de la lune autour de la terre, de la rotation de la terre sur elle-même et de la rotation de la terre autour du soleil. Ainsi, toute la voie lactée a été conçue par Dieu de façon à éclairer la terre et pour qu’elle serve en outre de repères pour marquer les temps, ce qui est important pour le bon déroulement de la vie des êtres vivants sur la terre. Il est dit, comme cela est précisé à plusieurs reprises dans le récit, que « Dieu vit que cela était bon ».

Les animaux des milieux aquatiques et atmosphériques (5e jour)

Les conditions pour qu’il puisse y avoir des êtres vivants étant réunies, Dieu crée en premier lieu les animaux dont les microcosmes sont l’eau et l’atmosphère.

Les animaux terrestres et les humains (6e jour)

C’est la création des autres êtres vivants dont l’homme, avec comme seule nourriture pour l’homme ce qui pousse (verset 29). L’alimentation carnée pour l’homme apparait plus loin dans le livre de la Genèse au chapitre 9. Avec la création des êtres vivants on a le couronnement de la création : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon ».

La clôture de la création (7e jour)

Après les six jours de clarté ou phases délimitées dans le texte avec l’expression « il y eu un soir et il y eu un matin », il se rajoute ici, pour clore la création, un septième jour dit de repos, béni et sanctifié par Dieu.

Ceci est en corrélation directe avec l’énoncé du quatrième commandement du Décalogue qui instaure le jour de repos béni de fin de semaine, en faisant précisément référence au récit de la création (Exode 20. 8 -11).

Ainsi, en plus des périodes liées aux mouvements des astres, Dieu a instauré et mis dans l’un des dix commandements une autre durée, à savoir celle de la semaine avec six jours réservés pour le travail dans la journée et un jour de repos béni après le labeur de la semaine.

Au plan historique, du fait que cette période de la semaine est arbitraire, puisque non liée aux mouvements des astres, il est rappelé que la France a voulu, lors de la Révolution de 1789, instaurer un nouveau calendrier comportant des semaines de 10 jours. Ceci a été sans succès car les autres pays n’ont pas suivi et la France est revenu finalement à la semaine de sept jours.

On peut penser que par ce texte figurant au début de la Bible, Dieu a voulu donner à l’homme un aperçu de ce qu’a été la création des cieux et de la terre, sachant que la pleine réalité des choses n’est certainement pas accessible à l’être humain tant il reste limité, bien qu’il soit une merveilleuse créature comme le dit le psalmiste.


Robert Charvin Ancien membre du Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France