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Par Charles Evans | Adventist World, juin 2023

L’histoire de Ruth commence par le départ pragmatique d’Élimélec et des siens : Naomi, sa femme, et Machlon et Kiljon, leurs fils. Ils se rendirent à Moab pour échapper à la famine qui sévissait dans leur pays. Humainement parlant, ce déménagement était tout à fait sensé – logique, pratique. Les migrations massives qui caractérisent une grande partie du monde aujourd’hui montrent que les gens se déplacent encore dans le même but : avoir enfin une vie plus facile, une vie meilleure. Ces migrations sont devenues si courantes que l’on peut considérer, quand on aspire à une vie meilleure et plus prospère, comme une sagesse conventionnelle le fait de déménager dans les villes de son pays d’origine, ou encore dans des pays davantage développés en matière d’économie.

Ne pas aspirer à prendre de telles mesures – que l’on soit en quête d’occasions ou que l’on cherche à profiter des occasions ouvertes – est très souvent critiqué comme étant un manque d’ambition. Cela veut souvent dire être jugé comme étant peu pragmatique et peu sage. Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles les gens sont confrontés lorsqu’ils doivent prendre la décision de bouger ou de ne pas bouger.

Au fond, il s’agit de s’assurer le meilleur mode de vie possible ! C’est là le défi auquel furent confrontés d’abord Élimélec et sa famille, puis Naomi, Ruth et Orpa.

Quel chemin spécifique mènerait ces dernières à la meilleure vie possible ?

NAOMI

Voici la recommandation que Naomi donna à ses belles-filles : « Allez, retournez chacune à la maison de sa mère ! Que l’Éternel use de bonté envers vous, comme vous l’avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi ! Que l’Éternel vous fasse trouver à chacune du repos dans la maison d’un mari ! » (Rt 1.8,9) Naomi, elle, retournerait dans sa patrie. Selon la sagesse populaire, la décision la plus pragmatique à prendre pour Naomi et ses belles-filles était de retourner dans leurs familles respectives. Naomi considérait que c’était ainsi que Ruth et Orpa auraient la meilleure chance de se remarier, et par conséquent, d’entrer dans une vie nouvelle et meilleure.

Quelle réponse firent-elles à Naomi ?

ORPA

Naomi aimait Orpa, et celle-ci le lui rendait bien – ce que nous indiquent leurs larmes. On peut même en déduire qu’Orpa respectait sa belle-mère. Sa décision de retourner chez elle pouvait donc découler à la fois de l’amour et du respect qu’elle lui vouait. Son raisonnement peut même l’avoir poussée à accepter l’argument de Naomi selon lequel son retour chez elle lui offrirait la meilleure occasion possible de mener une vie convenable – peut-être avec un mari et des enfants. Quelles qu’aient été ses raisons, Orpa décida de rentrer chez elle.

RUTH

La décision de Ruth semble contradictoire – son raisonnement se heurtait au pragmatisme conventionnel. Sa détermination remettait directement en question la logique de Naomi. À première vue, on aurait dit qu’elle avait certainement moins de respect pour la suggestion de Naomi qu’en avait Orpa. Ruth ne semblait pas se préoccuper de la façon dont elle allait survivre. Elle était jeune – se remarierait-elle ? Que lui arriverait-il ? Trouverait-elle du travail ?

Dans Matthieu 6, on dirait que Jésus pensait à l’histoire de Ruth : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. » (6.25) Tout ce dont Ruth semblait se soucier, c’était de Naomi et de son Dieu : « Ne me presse pas de te laisser, de retourner loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu demeureras je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu » (Rt 1.16). Quelle foi audacieuse ! Ce type de foi accorde plus de valeur à la relation avec Dieu qu’à la conformité à la sagesse humaine conventionnelle. Encore une fois, Matthieu 6.33 résume la foi de Ruth : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » À coup sûr, l’histoire de Ruth atteste la véracité de ce verset !

REFUS DU CHANGEMENT

Il est important de noter que la décision d’Orpa de retourner chez elle signifiait qu’elle tournait le dos au Dieu du ciel, comme le dit le texte : « Voici, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux » (Rt 1.15). Cet exemple est instructif car il touche au cœur même des implications des nombreuses décisions que nous prenons aujourd’hui. Souvent, on met Dieu à l’écart des détails. Souvent, on ne veille pas à ce qu’à la fin d’une formation, notre relation avec Dieu soit améliorée. Souvent, on résiste au changement dont on pourrait faire l’expérience parce que la religion de nos parents est celle que nous connaissons et avec laquelle nous sommes à l’aise.

Il convient de noter que tout changement n’est pas forcément bon, et que tout mouvement n’est pas forcément signe de progrès. Parfois, on est prêt à bouger, mais on s’accroche obstinément à nos anciennes habitudes ; parfois on change, mais pas pour le mieux. Si Dieu n’est pas au premier plan de nos choix, notre vie peut prendre de nombreuses directions.

En lisant l’histoire de Ruth, il est peu probable de trouver un signe de résistance ouverte d’Orpa envers Dieu. C’est juste que son niveau d’intérêt pour lui ne suffisait pas à ce qu’elle insiste pour suivre un chemin qui mènerait à une meilleure relation avec lui. Elle a donc choisi de retourner à ses anciennes habitudes, à son ancienne religion.

Cependant, les Écritures nous encouragent à croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et sauveur Jésus-Christ (voir 2 P 3.18). Quand on croît en grâce, on fait l’expérience du changement. Ce verset parle aussi de croissance dans la connaissance – soit de l’apprentissage. L’apprentissage et le changement vont de pair. L’apprentissage c’est, dans un sens, un changement de comportement. Ainsi, alors que nous croissons dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, nous changeons.

AFFRONTER L’INCONNU

Le calcul apparemment évident de la décision de Ruth d’accompagner Naomi va comme suit.

Elle a résolu d’aller là où Naomi irait. On a là une nette ressemblance avec Moïse, lequel choisit d’être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que d’avoir pour un temps la jouissance du péché (voir He 11.25). Dès que l’on commence à se tourner vers Dieu, quelque chose fait en sorte qu’on est attiré par le peuple de Dieu.

Elle a remis l’issue de sa vie entre les mains de Dieu. Ruth s’en est simplement remise à Dieu jusqu’à la mort. Comme elle est réconfortante cette assurance que Jésus nous a donnée plus tard : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort » (Jn 11.25) ! Ruth a probablement eu le pressentiment qu’un avenir glorieux l’attendait. Comme cela ne serait pas instantané, elle a dû l’accepter par la foi.

Ruth a été transformée. Elle ne voulait plus être réconfortée par la culture et les coutumes de son pays. Elle avait besoin de quelque chose de nouveau – elle avait besoin de Dieu ! Et malgré tout ce qu’elle ignorait de l’avenir, elle en savait assez sur le Dieu de l’avenir pour affronter l’inconnu avec lui.


Charles Evans est le responsable des inscriptions à l’Université des Caraïbes du Nord.