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2 mars | Justin Kim | Adventist World, mars 2023

Plus que jamais auparavant, la pandémie nous a obligés à nous enfermer et à nous planter devant davantage d’écrans, de vidéos, et de conférences en conserves. Il en est résulté un cocktail fait d’isolement social, de repli sur soi, d’ennui, et de préoccupations fixées sur soi-même. Nous n’en avons pas encore vu toutes les ramifications sur la santé mentale et spirituelle.

Dacher Keltner, professeur de psychologie, propose un remède dans Awe: The New Science of Everyday Wonder and How It Can Transform Your Life*. Comme son titre l’indique, ce livre met en lumière l’émotion incomparable qui jaillit à partir d’un sentiment de révérence et d’émerveillement. Sur le plan physique, ce sentiment produit des picotements, des frissons, la chair de poule, ou nous arrache des larmes ; ou encore, c’est ce que les spectateurs recherchent à travers les vidéos RASM (réponse autonome sensorielle méridienne). Sur le plan psychologique, le sentiment de révérence, c’est être bouche bée devant quelque chose d’immense et se sentir minuscule face à cette immensité.

Keltner présente des preuves des effets positifs de ce sentiment sur la santé, notamment sur le cerveau, les systèmes immunitaire et nerveux, le cœur, la résistance au stress, les performances cognitives, la créativité, et la digestion. Il propose huit domaines dans lesquels on peut faire l’expérience de ce sentiment de révérence et d’émerveillement. Appelé effervescence collective, le fait de se mouvoir à l’unisson avec des groupes importants en nombre provoque la révérence, comme dans les rituels, les fêtes sportives, les danses, les manifestations, et les concerts. La nature nous permet de faire l’expérience du mystère et de l’émerveillement en plein air. La musique combinée avec des stimuli visuels peut être une source de révérence. Keltner souligne ensuite d’autres sources qui transcendent le monde, les cultures et la compréhension humaine, comme les expériences spirituelles, les moments où l’on assiste à une naissance ou à des funérailles, ou quand une idée transcendante surgit en nous.Un domaine particulier où la révérence peut survenir est quand on se trouve confronté avec une manifestation de beauté morale – en particulier la bonté et la bienveillance. Lorsqu’on entend des récits de courage, d’inspiration, d’espoir, d’optimisme, de victoire et de pureté, notre sens de l’étonnement est éveillé et contrecarre le genre de mesquinerie bien souvent vécu pendant la pandémie. La bienveillance reconnaît la fragilité de l’humanité ainsi que l’incommensurable beauté de la vertu. La bienveillance fait preuve d’égard pour l’autre, recherche l’amitié et la compréhension chez l’autre, et désire faire preuve de générosité envers autrui.

Chose intéressante, la révérence ne se manifeste pas en rapport avec les biens matériels, l’argent, la technologie, la jouissance des produits de consommation, ou le statut social. Si l’on devait combiner les huit sources de révérence – l’harmonie du mouvement collectif, la nature, la musique combinée avec des stimuli visuels, la spiritualité, la mortalité, les idées transcendantes, et la vertu – on arriverait alors à l’adoration. « Que toute la terre craigne l’Éternel ! Que tous les habitants du monde tremblent devant lui ! » (Ps 33.8) L’humanité a été créée par Dieu pour l’adorer, et pour éprouver une révérence et un émerveillement continu, en particulier envers le Créateur. Les bienfaits physiques et psychologiques d’un tel culte sont, à l’évidence, bien nécessaires aujourd’hui.

Alors que nous sortons de cet hiver pandémique et que nous entrons dans un printemps sans masques, puissions-nous rechercher davantage ces moments de révérence quotidienne, d’adoration devant Dieu et son infinité, et manifester, à l’image de la bienveillance de Christ, une bienveillance renouvelée envers nos semblables.


* Dacher Keltner, Awe: The New Science of Everyday Wonder and How It Can Transform Your Life, New York, Penguin Press, 2023.