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Par Ángel Manuel Rodríguez | Adventist World, mars 2023

Dans quelle mesure l’enseignement de l’immortalité de l’âme a-t-il un impact sur la signification de l’Évangile ?

Les adventistes croient que la Bible n’enseigne pas l’immortalité de l’âme. Ils affirment que les êtres humains sont une unité indivisible de vie sous forme corporelle. Par conséquent, l’immortalité est un don divin eschatologique inséparable de la résurrection du corps. Malheureusement, l’Église chrétienne s’est alignée sur la vision platonicienne d’une âme immortelle. Je vais examiner les deux positions individuellement.

L’ÂME IMMORTELLE

J’irai d’abord de quelques commentaires. Premièrement, l’affirmation que l’âme est immortelle entraîne automatiquement l’enseignement selon lequel la vie d’une personne en dehors du corps est indestructible. Deuxièmement, cette âme immortelle (quelle qu’elle soit) est quelque chose qui appartient par nature et par fonction à un être humain. L’âme est, en fait, l’être humain désincarné existant par lui-même. Troisièmement, cela étant, il est évident qu’à aucun moment dans l’histoire de l’humanité pécheresse, la vie de l’âme – l’âme elle-même – ait été en danger. Certes,

le corps meurt en contrecoup du péché, mais l’âme, elle, vit éternellement. Quatrièmement, si nos déclarations précédentes sont justes, alors l’âme elle-même n’a pas besoin de salut car rien ne peut menacer son existence. Cinquièmement, d’aucuns avancent l’idée que c’est la sphère où l’âme immortelle continue d’exister qui introduit le besoin de salut, mais pas pour le salut de l’âme. En d’autres termes, ils soutiennent que l’âme doit retourner à la sphère divine par Christ afin d’échapper à la seconde sphère d’existence, laquelle consiste à brûler éternellement en enfer.

L’IMMORTALITÉ ET L’ÉVANGILE

Premièrement, l’immortalité de l’âme enseigne qu’il y a quelque chose dans notre nature que nous ne perdrons jamais, quelle que soit notre condition spirituelle – quelque chose qui, en soi, n’a pas besoin d’être sauvé. Cependant, la Bible enseigne que le péché a endommagé de façon permanente la personne tout entière – la vie intérieure ainsi que la vie spirituelle, physique et sociale. En conséquence, les êtres humains ont besoin du salut. Ils n’ont alors qu’une option : devenir une nouvelle création par le sacrifice salvateur du Christ. Deuxièmement, puisque l’existence humaine n’a jamais été en danger, la profondeur du sacrifice du Christ et la démonstration divine de l’amour de Dieu qui s’y manifeste sont diminuées. Jésus, affirment certains, n’a pas donné sa vie pour l’âme parce que l’âme est immortelle ! Par conséquent, bien que le péché ait nécessité la réconciliation de l’âme avec Dieu, il n’a pas endommagé la vie de l’âme.

Le ravage que le péché et la rébellion ont causé à la nature humaine, lequel entraîne notre extinction, est redéfini et du coup, l’ampleur du sacrifice du Christ en est diminuée. Voici en quoi consiste le sacrifice du Christ : descendre au plus profond de notre situation malheureuse afin de nous redonner la vie que nous avons perdue. Par conséquent, limiter les ravages du péché dans notre vie reviendrait à obscurcir l’ampleur de l’amour sacrificiel de Dieu manifesté sur la croix.

Enfin, l’enseignement de l’immortalité de l’âme redéfinit la mort éternelle : l’âme des méchants brûle éternellement en enfer. Un tel enseignement ne déforme-t-il pas le caractère aimant de Dieu révélé sur la croix ? Quel genre de Dieu, en effet, infligerait l’enfer éternel à des gens qui n’ont vécu qu’une courte vie de péché sur cette planète ? C’est là, sans contredit, l’une des plus grandes tragédies doctrinales de l’histoire du christianisme, et, incontestablement, l’aboutissement de l’acceptation de la croyance en l’immortalité de l’âme.


Ángel Manuel Rodríguez, maintenant à la retraite, a servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.