Par Ruben de Abreu | Revue Adventiste Janvier 2023
En 1993, l’acteur américain Michael Douglas incarne un citoyen, que rien de particulier ne dis- tingue mais qui vit une journée des plus exé- crables. Le film s’intitule « Falling Down »,
« Chute libre » en français. La scène qui a retenu mon attention, se passe dans un fast-food typique.
Il rentre, attend son tour et commande un petit déjeuner. Mais ils ne servent plus de petit déjeuner, ce service est terminé depuis trois bonnes minutes. La tension monte. Finalement, le personnage regarde la carte de menus et en commande un. Au moment où il reçoit son sandwich, il le brandit bien haut et crie pour que tout le monde l’entende : « Voyez-vous bien où se trouve l’arnaque ? » En effet la publicité affichait des mets appétissants, bien garnis et brillants. Ce qu’il tenait entre les doigts, n’était que deux misérables tranches de pain retenant quelques trucs épars difficiles à identifier. Plusieurs d’entre nous, probablement la grande majorité, n’ont même pas entendu parler de ce film. Pourtant, la satire sociale mise en évidence est d’actualité.
Une société qui nous vend la belle vie, face à une réalité si éloignée. C’est la société des influenceurs et influenceuses des réseaux sociaux. Des faiseurs d’opinions, d’images, de tendances.
Une étude privée, interne à Meta, est arrivée au congrès des États-Unis révélant que 32 % des filles adolescentes se sentent mal dans leurs corps, tout simplement parce qu’elles sont présentes sur Instagram. Alors, pourquoi ne pas en finir avec ce tapage de réseaux sociaux ? C’est évident, parce que cela génère des sommes colossales !
Il y a quelques temps, le New York Times a fait paraitre un article de Leigh Stein, auteure d’un roman satirique sur la culture des influenceurs et du bien-être. Le titre de son article : « Les religions vides d’Instagram – Comment les influenceurs sont-ils devenus nos autorités morales ? »1 Stein montre que les télévangélistes se sont transformés en « instavangelistes ». Les diffé- rences entre le spectacle d’amusement et les contenus spiri- tuels sont quasi inexistants.
De nombreux millennials ont tourné le dos à la tradition religieuse parce qu’elle n’est pas suffisamment diverse ou inclusive, trouvent des alternatives en ligne.
Stein2 ouvre son cœur et écrit : « Je n’ai pratiquement pas prié Dieu depuis mon adolescence, mais la pandémie a fait naître en moi un profond désir de révérence, d’humilité et de crainte. J’ai un découvert sur mon compte d’indignation. Je veux l’autorité morale de quelqu’un qui n’est pas en train de vendre ses mémoires ou d’interpeller ses ennemis sur les réseaux sociaux pour avoir de l’influence. (…) « Je lui ai dit que je me trouve en manque de modèles de mon âge qui ne sont pas seulement des croisés vertueux, mais aussi humbles et miséricordieux, et que je ne les trouve pas là où je vis (c’est- à-dire en ligne). Faisant référence aux influenceurs qui ont rempli le vide que la foi religieuse a laissé, elle a dit : « Ils peuvent vous inspirer à vivre une vie au top, mais pas à faire le meilleur usage de votre vie. »
Je cherche une autorité morale, une personne qui ne se vend pas, quelqu’un humble et miséricordieux, et je le suivrai.
Comment devenir un influenceur dont le monde a besoin ?
S’il y a un personnage biblique à qui l’étiquette d’influen- ceur peut être collée, c’est bien l’Apôtre Paul. L’implanteur d’églises ! L’authentique ! Le transformé !
Et s’il y a eu une église qui a dû briser le cœur de l’apôtre, c’est bien celle de Corinthe. La communauté décadente de Corinthe.
Et pourtant il s’adresse à eux en ces termes :
« (1) De la part de Paul, qui par la volonté de Dieu a été appelé à être apôtre de Jésus Christ, et de la part de Sosthène, notre frère. (2) À l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui, là-bas, appartiennent à Dieu par l’union avec Jésus Christ (dans le grec « sanctifiés »), et qui sont appelés à vivre pour lui, avec tous ceux qui, partout, font appel au nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre : (3) Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ vous donnent la grâce et la paix ! » – I Corinthiens 1, 1, 2 et 3 (NFC)