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Par Reinhard Junker | Revue adventiste, avril 2022

Dr. Reinhard Junker est collaborateur scientifique de la communauté d’étude Wort und Wissen (Parole et Savoir). Il travaille principalement dans la biologie des types de base, la paléobotanique (plantes fossiles) et la biologie théorique (évaluation critique des prétendues « preuves de l’évolution » en biologie comparative). Au-delà de son travail spécialisé, il participe à l’élaboration de matériel pédagogique et donne des conférences dans les écoles, les universités et les communautés ecclésiales.


Il est bien connu qu’il est préjudiciable à une bonne cause de vouloir la faire avancer ou de la défendre en se servant d’outils inutilisables. Aussi est-il parfois nécessaire d’écarter les outils qui ne sont pas ou plus efficaces, voire contre-productifs. Pour le travail de la communauté d’études Wort und Wissen, cela signifie :

1. Les arguments utilisés avec de bonnes intentions en défaveur de l’évolution ou en faveur de la vision biblique des origines doivent être revus de temps à autre pour vérifier s’ils sont encore viables. Car la science ne connaît pas l’immobilisme ; de nouvelles découvertes peuvent modifier l’état des indices ; de nouvelles idées permettent de développer des réponses ou des éléments de réponse à des questions jusqu’ici non résolues. 2. Malheureusement, de nombreux arguments toujours défaillants circulent encore – certainement des deux côtés, mais nous voulons nous concentrer sur l’enseignement de la création et la critique de l’évolution. Il faut éviter de sélectionner des résultats isolés ou atypiques sans tenir compte de l’ensemble des données ou de l’état de discussion atteint (voir surtout les points 7 et 8 à ce sujet).

Nous allons reproduire par la suite certaines allégations (entre guillemets) et proposer une réponse appropriée. La liste est loin d’être exhaustive. Cependant, elle n’aborde pas seulement les argumentations douteuses ou erronées, mais donne également des indications sur la possibilité d’argumenter différemment ou de mieux argumenter dans chaque cas. Il s’agit ainsi de fournir une aide pour éviter des attaques inutiles. Comme il s’agit en fin de compte de l’Évangile, des attaques ne peuvent être exclues, mais la pierre d’achoppement ne devrait pas être des arguments douteux, mais l’exigence de l’Évangile, Jésus-Christ lui-même. Nous avons ajouté des références bibliographiques pour permettre une discussion plus approfondie sur le sujet. Quelques règles sur l’« Approche du débat sur l’enseignement de la création » sont rassemblées dans l’article discursif de Wort und Wissen intitulé « Règles pour le débat sur la théorie de l’évolution » ; dans cet article, il s’agit surtout de l’aspect du contenu. Colossiens 4.6 résume les deux : « Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun. »

1. L’évolution exclut l’existence de Dieu.

Pour beaucoup, l’évolution n’exclut pas Dieu. Les chrétiens qui considèrent qu’une évolution pilotée par Dieu est défendable ne sont pas pour autant des chrétiens de seconde classe, et leur foi ne doit pas leur être contestée pour autant. Il est fort possible que notre interlocuteur n’ait jamais réfléchi à un éventuel lien entre la théorie de l’évolution et la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. Ne le choquons pas en lui laissant entendre que nous doutons de son identité chrétienne. Mais il est vrai qu’une théorie de l’évolution raisonnée en toute cohérence exclut non seulement une création directe de Dieu, mais aussi le péché originel et un déluge mondial, comme le suggèrent les traditions bibliques. Il faudrait montrer à l’interlocuteur, textes bibliques à l’appui, que cette réflexion entraîne des conséquences sur le message de salut du Nouveau Testament. Quelques indications à ce sujet sont données dans la note 2.

2. Si l’évolution est vraie, notre vie n’a ni sens ni but.

Ce n’est certainement pas l’avis de tous les partisans de l’évolution. Prudence : n’insinuez pas à celui qui pense autrement des points de vue qu’il ne défend pas lui-même. Vous vous priveriez d’emblée d’une véritable communication. Pour en venir aux faits : de nombreux théoriciens de l’évolution ont mené une réflexion approfondie sur la question du sens de la vie dans une vision évolutionniste du monde. Dans ce cas, il est important d’opposer l’eschatologie biblique (enseignement des choses à venir) aux points de vue évolutionnistes.

3. Les méthodes de datation sont arbitraires.

Dans l’ensemble, les méthodes de datation fournissent des résultats assez cohérents en soi, qui indiquent des âges élevés. Les valeurs aberrantes, comme la lave de 200 ans souvent citée de Hawaï, qui avait été datée à des millions d’années, peuvent être expliquées dans de nombreux cas et ne réfutent pas un modèle à long terme.

Dans les questions de datation, les théoriciens de l’évolution ont d’assez « bonnes cartes » en main ; pour l’enseignement de la création, qui suppose des périodes courtes en raison de l’histoire biblique du salut, ce domaine donne beaucoup de fil à retordre. (Il est logique que le travail de Wort und Wissen mette l’accent sur la recherche dans ce domaine.)

Si les théoriciens de l’évolution peuvent présenter des concepts assez concluants dans ce domaine, cela ne signifie pas qu’il faille exclure les interprétations alternatives des données mesurées. En outre, on peut affirmer de manière générale qu’on ne mesure pas l’âge, mais qu’on le détermine en fonction de modélisations hypothétiques. Fondamentalement, les indications d’âge ne peuvent donc pas être données dans l’absolu, mais dépendent du modèle.

4. La datation des fossiles et celle des roches dépendent l’une de l’autre.

Les couches terrestres ne se superposent en aucun cas de manière aléatoire, bien au contraire : il est possible de justifier des successions relatives de roches sédimentaires par des corrélations locales et globales. Outre le contenu fossile, on utilise d’autres découvertes indépendantes autour des fossiles, par exemple les traces d’éruptions volcaniques détectables sur de grandes surfaces. Il faut tenir compte de la régularité de la succession des couches, on ne peut et ne doit pas la nier.

5. Si l’univers était vieux de millions d’années, il devrait y avoir une épaisse couche de poussière sur la Lune.

L’argument de la poussière lunaire a semblé pendant un certain temps être un indice solide contre un âge lunaire élevé. Mais entre-temps, même les théoriciens de la création se sont ravisés. D’ailleurs, il y avait également parmi les théoriciens de l’évolution des scientifiques qui ne s’attendaient pas à voir beaucoup de poussière lunaire lorsqu’on a mesuré l’épaisseur lors des premiers alunissages. Aujourd’hui, il existe des théories qui peuvent rendre plausible comment et pourquoi la poussière lunaire s’est en grande partie solidifiée. Pour l’instant, il ne faut pas utiliser cet argument en défaveur d’un âge lunaire élevé. Un âge peu élevé n’est pas exclu pour autant. Il existe d’autres données qui indiquent clairement que l’univers peut être jeune. Une vision manichéenne (« tout parle en faveur d’une jeune création » ou « tout correspond à un univers ancien ») n’est cependant pas possible.

6. La loi biogénétique de Haeckel est réfutée.

La manière dont Ernst Haeckel a imaginé une répétition de la phylogenèse dans le développement individuel (de l’ovule fécondé à l’organisme adulte) a toujours été contestée par les biologistes. Cela fait longtemps désormais que l’argumentation actuelle concernant la règle fondamentale biogénétique ne se réfère plus à Haeckel, mais à de nombreuses autres découvertes ultérieures. Elle est devenue bien plus différenciée, mais de ce fait moins facile à réfuter. Aujourd’hui, on part seulement du principe que, lors de certaines étapes de développement, certaines ébauches d’organes indiquent une répétition de la phylogenèse. Dans les discussions en tant que profane et avec des profanes, il convient avant tout de souligner qu’on peut également interpréter les connaissances issues de l’embryologie dans le sens d’une création réfléchie.

7. Les fossiles parlent clairement en défaveur de l’évolution.

Ce n’est pas correct dans cette formulation générale. Les fossiles parlent en défaveur de l’évolution dans la mesure où il a été démontré que les formes intermédiaires entre les grands groupes d’organismes font régulièrement défaut. Mais il serait malhonnête, lorsqu’on parle de « fossiles », de ne parler que de l’absence de formes intermédiaires et de passer sous silence le constat de la régularité des dépôts de fossiles. (Bien entendu, il est tout aussi injuste que les manuels scolaires n’abordent pas le constat général des lacunes fossiles.) On entend par là que les mammifères, par exemple, apparaissent plus tard (c’est-à-dire dans des couches plus élevées) que les reptiles, qui apparaissent à leur tour plus tard que les poissons (de nombreux autres exemples peuvent être cités).

Ce constat peut être interprété par l’évolution (successivité = séparation), même si ce n’est pas obligatoire (personne n’a vu la « séparation ») ; cette interprétation n’est pas non plus la seule possible. Dans le cadre de l’enseignement de la création, on essaie d’invoquer des raisons écologiques, le Déluge et des événements subséquents (recolonisation, mégasuccessions) pour expliquer l’apparition échelonnée de nombreuses formes fossiles. De nombreuses questions restent en suspens. Les fossiles ne parlent pas un langage clair en matière de création ou d’évolution.

8. Les hommes-singes sont des malformations, des falsifications ou des erreurs d’interprétation grossières.

En paléanthropologie (science de l’origine et de la parenté des hommes), on a découvert tant de fossiles d’hommes et de grands singes que le nombre de falsifications, de malformations et d’erreurs d’interprétation grossières (qui ont existé et qui existent peut-être encore aujourd’hui) est insignifiant. La référence aux exceptions ne réfute pas les nombreuses découvertes. De plus, cette stratégie argumentative est inutile. Dans le domaine de l’anthropologie, il existe des alternatives à la théorie de l’évolution qui tiennent compte des données connues.

9. L’homme ne peut pas descendre du singe parce qu’il n’a pas le même nombre de chromosomes.

Le nombre de chromosomes ne dit pas grand-chose. De nombreux organismes peuvent se croiser malgré un nombre différent de chromo- somes. Il est vrai que le patrimoine génétique des grands singes et des humains est très similaire. Mais qu’est-ce que cela signifie ? La similitude peut être facilement interprétée comme une « parenté de création ». Cela vaut également pour d’autres similitudes entre les hommes et les singes.

10. Il n’y a pas de formes intermédiaires.

Cet argument signifie que les grands groupes d’êtres vivants (par exemple les oiseaux et les reptiles ou les poissons et les amphibiens) sont si différents qu’ils sont clairement distincts les uns des autres et ne peuvent donc pas être facilement situés dans une lignée évolutive – même en tenant compte des formes éteintes que sont les fossiles. Dans un livre anti-créationniste, Jeßberger a pourtant rassemblé des dizaines de formes intermédiaires. Qui a raison ? Tout d’abord, l’affirmation selon laquelle il n’existe pas de formes intermédiaires est contestable. En effet, il existe effectivement de nombreusesespècesquiréunissentdes caractéristiques de différents groupes plus importants. L’archéopteryx, ce célèbre oiseau préhistorique, en est sans doute l’exemple le plus connu, car il possédait d’une part des plumes (et d’autres structures), caractéristiques des oiseaux, et d’autre part de nombreux caractères typiques de la plupart des reptiles, mais atypiques des oiseaux, voire absents des oiseaux actuels (par exemple une longue colonne vertébrale caudale, une mâchoire dentée au lieu d’un bec corné). Il s’agit donc d’une forme intermédiaire. Néanmoins – et c’est là le point crucial – la majorité des théoriciens de l’évolution ne considèrent pas aujourd’hui l’« oiseau primitif » comme une forme évolutive directe de transition entre les reptiles et les oiseaux. Il présente en effet trop de caractéristiques spécifiques qui ne s’inscrivent pas dans une succession reptile -> oiseau.

Il est donc important ici de faire une distinction conceptuelle entre la forme intermédiaire (ou forme mosaïque) en tant que terme purement descriptif et la forme de transition (évolutive) en tant que terme interprétatif. L’existence de formes intermédiaires est en soi neutre quant à l’interprétation du mode d’apparition. Dieu a également créé des formes intermédiaires (formes mosaïques), par exemple l’« oiseau primitif ». Ce qui est décisif du point de vue de la théorie de l’évolution, c’est de savoir si de telles formes intermédiaires peuvent être intégrées comme éléments de liaison (formes de transition) dans une série évolutive hypothétique. En règle générale, ce point est du moins contesté, même parmi les théoriciens de l’évolution. Un autre aspect important de cette question est de savoir si une prétendue forme de transition évolue à l’intérieur d’un type de base (correspondant à une espèce créée) ou si elle sert d’intermédiaire entre des types de base clairement distincts. Dans le premier cas, on s’attendra à retrouver également des formes de transition dans le modèle de création. Les séries de fossiles dont les formes changent directement d’une couche à l’autre dans certaines limites sont manifestement des exemples de microévolution ou de variation au sein de types de base (on peut supposer ou imaginer des raisons écologiques expliquant la variation). De telles formes de transition ne prouvent pas une macroévolution.

11. Les fossiles vivants plaident en défaveur de l’évolution.

De nombreuses espèces ou types de base vivant aujourd’hui sont également connus comme fossiles. On les désigne par le terme paradoxal de « fossiles vivants ». Ils sont souvent considérés comme des indices contre l’évolution, parce qu’ils n’ont pas ou peu changé sur de grandes périodes (supposées).

Cet argument n’a cependant pas beaucoup de poids, car les théoriciens de l’évolution peuvent admettre ce constat de manière assez plausible dans leur système de pensée. En effet, selon la théorie de l’évolution, il n’y a pas d’obligation de changement. Si une partie des êtres vivants ne change pas pendant une longue période, on l’attribue par exemple à des conditions environnementales constantes. Dans le même temps, on argumente qu’une partie des êtres vivants a évolué, à savoir celle qui a été soumise à des conditions environnementales modifiées (d’autres raisons sont également envisageables). On ne peut évaluer la validité de l’argumentation évolutionniste qu’au cas par cas, en y regardant de plus près.

Le fait que l’on connaisse un grand nombre de fossiles vivants peut toutefois être considéré comme un élément compréhensible dans le cadre de l’enseignement de la création, à savoir comme une indication de la constance des types de base.

12. L’apparition de nouvelles espèces n’a pas été démontrée.

Pour évaluer cette affirmation, il faut faire une distinction importante entre les « espèces » et les « types de base » (ces derniers étant interprétés comme des « espèces créées » dans le cadre du modèle de la création). En biologie, la notion d’espèce n’est pas utilisée de manière uniforme, mais est presque toujours nettement plus restreinte que la celle de type de base. Cette dernière est clairement définie (en bref : toutes les espèces croisables dont les hybrides reflètent le patrimoine génétique des deux parents appartiennent à un type de base).

En règle générale, plusieurs espèces, souvent des centaines, appartiennent à un type de base (« espèce biolo- gique »). De nombreuses expériences et observations sur le terrain ont montré que de nouvelles espèces peuvent très bien apparaître au sein des types de base en suivant des processus naturels. Cependant, les processus de création d’espèces sont généralement liés à des spécialisations (par ex. par des adaptations à des conditions environnementales spécifiques) et n’ont rien à voir avec la macroévolution. En d’autres termes : de tels processus évoluent dans le cadre des types de base, de sorte que l’on peut dire que l’émergence de nouveaux types de base n’a pas encore été démontrée.

13. La théorie de l’évolution n’est pas une théorie scientifique.

Il s’agit là d’une affirmation très généralisée, souvent formulée par les critiques. Sous cette forme générale, elle est très discutable, car il faut préciser ce qu’on entend par « théorie de l’évolution » et ce qu’on comprend par « scientifique ». En ce qui concerne la première expression : la théorie de l’évolution, en tant que vision globale, formule des allégations sur un processus passé présumé qui ne peut pas être étudié directement en tant que tel. Elle est donc comparable à une reconstitution historique, telle qu’elle est réalisée dans les sciences historiques sur la base de documents relatifs à l’histoire de l’humanité. En ce sens, la théorie de l’évolution peut être qualifiée de scientifique, plus précisément de « scientifique historique ». Il en va de même pour l’enseignement de la création. Il est important ici de faire la distinction entre les sciences empiriques et les sciences historiques.

Si l’impossibilité d’observer et d’étudier directement la macroévolution devait conduire à qualifier la théorie de l’évolution en bloc de non scientifique, cela devrait s’appliquer à toute science historique – et par conséquent aussi à l’enseignement de la création, car ses affirmations fondamentales se réfèrent également à des faits non observables (mais révélés et crus). Le théoricien de l’évolution croit que l’apparition et le développement de la vie peuvent être expliqués par des processus naturels, et c’est sur cette base qu’il tente de faire de la science. Les théoriciens de la création basent leur reconstitution de l’histoire de la vie sur la parole révélée de Dieu.

La théorie de l’évolution se compose de théories partielles basées sur des études expérimentales ou des observations de terrain (domaine empirique, le domaine de la microévolution). Dans ce domaine, qui constitue la majeure partie du travail pratique, la théorie de l’évolution est sans aucun doute scientifique. L’adjonction et l’extension de ces théories partielles à la macroévolution dépassent toutefois ce domaine empirique et tentent de l’inscrire dans un édifice idéologique. On obtient les différents éléments constitutifs en s’appuyant sur des règles scientifiques généralement reconnues, que les représentants de l’enseignement de la création considèrent aussi comme sensées. De ce point de vue également, la théorie de l’évolution et celle de la création sont comparables quant à la procédure.

14. La théorie de l’évolution est scientifiquement réfutée.

Compte tenu de la critiquabilité effective des affirmations essentielles de la théorie de la macroévolution et de la mise en avant par des théoriciens de l’évolution que certains aspects ne seraient pas prouvés ou ne reposeraient que sur un fondement précaire , on peut avoir ici et là l’impression que la théorie de l’évolution est réfutée par les sciences naturelles.

Là encore, une argumentation différenciée s’impose. Une réfutation catégorique n’est pas possible, car on peut toujours répondre par l’argument que ce qui n’est pas encore compris aujourd’hui pourra l’être demain. Il ne faut pas répondre à la question : « Réfuté ou non ? », mais à la question : « Dans quelle mesure les données correspondent-elles à la théorie en question ? » ou : « Quels sont les arguments en faveur et en défaveur ? » Et il ne faut pas oublier qu’il existe différentes théories de l’évolution.

15. La macroévolution est invraisemblable pour des raisons découlant de la théorie des probabilités.

Cette affirmation est vraie, mais elle est très souvent présentée de manière contestable. Exemple : le processus d’évolution est comparé à une horde de singes qui – sans en avoir l’intention – s’acharnent sur des machines à écrire pour parvenir ainsi à quelque chose de raisonnable. Ce n’est pas ainsi qu’on obtiendra un texte sensé. De même, l’explosion d’une imprimerie ne produira pas de livre. Les comparaisons de ce type sont toutefois discutables, car le processus d’évolution (tel qu’il est connu par la recherche sur la microévolution) ne peut pas être rapproché bonnement de tels processus. Il n’est pas possible d’entrer dans les détails ici, mais il convient de noter que le facteur de « sélection », qui est absent des comparaisons susmentionnées, intervientdanslecadredelathéorie de l’évolution. Les théoriciens de l’évolution n’affirment pas qu’un être vivant complexe doit être créé d’un seul coup (comme dans le cas de l’explosion d’une imprimerie) à partir de ses composants moléculaires, mais ils réfléchissent à la forme que pourraient prendre des étapes intermédiaires sélectionnables. Néanmoins, cet argument a de la valeur. Car il est possible (et il faut se donner cette peine !) de subdiviser en multiples étapes partielles les processus évolutifs allégués, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus sécables. Dans ce cas, l’étape suivante doit effectivement être franchie d’un seul coup. Il faut s’assurer alors qu’aucune étape intermédiaire extractible ne puisse plus s’intégrer dans une série d’évolutions postulées. Les calculs de la théorie des probabilités entrent alors en jeu et, selon les connaissances actuelles, il est possible de démontrer que la macroévolution est effectivement extrêmement improbable.


Titre original Ist die Evolution widerlegbar?, paru dans « Adventecho » , « Advent-Verlag Lüneburg ». Avec l’aimable autorisation de son auteur et du Advent-Verlag Lüneburg.


Reinhard Junker Collaborateur scientifique de la communauté d’étude Wort und Wissen


1. www.wort-und-wissen.de/disk/d93/3/d93-3.html
2. Ce sujet est traité en détail dans : R. Junker : Leben durch Sterben? Schöpfung, Heilsgeschichte und Evolution (Vivre au travers de la mort ? Création, histoire du salut et évolution), in : Studium Integrale. Neuhausen, 1993. La communauté d’études Wort und Wissen propose également quelques contributions au débat sur cette thématique : (Thèmes : Arguments bibliques contre l’idée que le récit de la création et la théorie de l’évolution sont compatibles, Évolution – Méthode de création de Dieu ?)
3. D. A. Snelling & D. E. Rush : Moon Dust and the Age of the Solar System (La poussière lunaire et l’âge du système solaire). Creation ex nihilo Technical Journal 7 (1993), 2-42.
4. Notes dans : Pailer, N. & Krabbe A. (2006) Der vermessene Kosmos (Le cosmos mesuré). Holzgerlingen.
5. Voir Junker R. & Scherer S. (2006) Evolution. Ein kritisches Lehrbuch (Un manuel critique). Gießen, chapitre V.11.
6. Stephan, M. (2002) Der Mensch und die geologische Zeittafel (L’homme et la chronologie géologique). Holzgerlingen.
7. Junker R. & Scherer S. (2006) Evolution. Ein kritisches Lehrbuch (Un manuel critique). Gießen, chapitre VI.15.
8. Jeßberger, R. (1990) Kreationismus. Kritik des modernen Antievolutionismus (Créationnisme. Critique de l’anti-évolutionnisme moderne.) Berlin et Hambourg, p. 92-94.
9. Pour plus de détails, voir : Junker, R. & Scherer, S. (2006) Evolution – ein kritisches Lehrbuch (Évolution – Un manuel critique). Gießen, section VI.14.5.
10. Scherer S (1993) Typen des Lebens (Types de vie). Berlin.
11. Cf. Junker & Scherer (voir note 10), section lll.5.1; Junker, R. (1996) Evolution ohne Grenzen? (Évolution sans limites ?) Neuhausen-Stuttgart.
12. L’adaptation n’a rien à voir avec une évolution supérieure, mais peut être interprétée comme une « stratégie de survie » liée à la création, qui se déroule dans un cadre microévolutif, c’est- à-dire sur la base de structures prédéfinies et d’une flexibilité donnée, sans nécessité d’émergence de structures nouvelles.
13. On trouvera des argumentations plus détaillées sur ces explications très succinctes dans : Ullrich, H. & Junker, R. (2008) Schöpfung und Wissenschaft (Création et sciences), Holzgerlingen.
14. Un exemple : « L’une des questions non résolues les plus importantes en biologie est de comprendre l’origine des phénotypes nouveaux et complexes, tant sur le plan du développement que de l’évolution. » (Ledon-Rettig CC, Pfennig DW & Nascone-Yoder H (2008) : Ancestral variation and the potential for genetic accommodation in larval amphibians: implications for the evolution of novel feeding strategies. (La variation ancestrale et le potentiel d’accommodation génétique chez les larves d’amphibiens : Implications pour l’évolution de nouvelles stratégies alimentaires.) Evol. Dev. 10, 316-325.)
15. Exemple dans Junker & Scherer (cf. note 10), section IV.7.4 ; une discussion détaillée et une étude des objections se trouvent dans : Scherer, S. (2009) : Makroevolution molekularer Maschinen: Konsequenzen aus den Wissenslücken evolutionsbiologischer Naturforschung (Macroévolution des machines moléculaires : Conséquences des lacunes de la recherche en biologie de l’évolution). In : Hahn, H.J., McClary R. & Thim-Mabrey, C. (Hg) Atheistischer und jüdisch-christlicher Glaube: Wie wird Naturwissenschaft geprägt? (Foi athée et judéo-chrétienne : Comment les sciences naturelles sont-elles façonnées ?) Norderstedt, p. 95-149.