Peu après l’arrivée de Jean Scippa, directeur de 1982 à 1985, le nom de la Maison devient Les Éditions Vie et Santé (EVS).
1. Jusqu’à la fermeture de l’imprimerie
Administration
En 1981 est créée la Division Afrique Océan-Indien de l’Église Adventiste du septième jour qui rassemble, entre autres, tous les territoires francophones d’Afrique. C’est l’un des défis auquel est confronté Jean Scippa. Les relations sont plus compliquées avec ces territoires qui manifestent le désir d’avoir leurs propres maisons d’édition en français et dans les différentes langues locales. Les ventes chutent dans ces régions.
Alain Ménis, directeur de 1985 à 1992, poursuit la restructuration de la maison qui implique des départs anticipés à la retraite, des licenciements avec des efforts de reclassement. Il assume cette tâche avec beaucoup de souffrance.
Les librairies adventistes des Antilles françaises rencontrent aussi des difficultés de paiement des commandes importantes qu’elles font aux EVS et à d’autres fournisseurs. Les difficultés financières s’accentuent. Les défis de l’impression, comme la taille et le prix des machines de nouvelles générations et la formation des conducteurs de presse, ne peuvent être surmontés.
L’imprimerie est donc fermée en 1987. Le personnel des EVS diminue fortement.
Périodiques
Signes des Temps et Revue adventiste
La revue Signes des Temps et la Revue adventiste sont confiées au même rédacteur à partir de 1981 et pendant vingt ans. Bernard Sauvagnat (1981 à 1987) introduit des entretiens et des reportages, publie la première BD, obtient que la couverture soit en quadrichromie à partir de janvier 1983. La revue redevient un mensuel pendant cinq ans.
La revue d’Église poursuit sa tâche sous la conduite des mêmes rédacteurs que Signes des temps.
Vie et Santé
Le périodique Vie et Santé connaît encore de belles années sous la direction de Philippe Augendre (1969 à 1990) qui est aussi le rédacteur en chef de la maison. Sous l’impulsion de Francis Bermond, chef des ventes, une première tentative est faite de vendre la revue dans les kiosques à journaux, mais sans franc succès.
Livres
À l’écoute de la Bible, traduction- adaptation par Paul Nouan de Bible Readings for the Home, un classique adventiste américain révisé et augmenté à plusieurs reprises, sort en 1983. Au moins deux collections de petits livres sont lancées : la collection « Foi » qui regroupe des livres sur l’un ou l’autre aspect de la foi (Le Christ Oublié de Norbert Hugedé, Aux portes de l’espérance de Jacques Doukhan, Non, Dieu n’est pas mort de Yvan Roullet, Espérance sans illusion de Winfried Noack etc.) ; et la collection « Aventures fertiles » (L’île des hommes oubliées, Bounty, Le rescapé, Quand triomphe l’espoir). Mais aussi une collection de petits livres illustrés sur la santé destinée aux enfants écrite par le Dr Jacques Breuil et illustrée par son frère, Jean Breuil, maquettiste de la maison : « Samy » (8 volumes).
La collection « Santé et Vie » s’étoffe avec des livres sur l’éducation et la santé, et la collection « Parfums de vie » faite de gros volumes tels que celui de Claude Belou, Les délices du potager, démarre.
En 1987 sort la dernière édition du Manuel de doctrines adventistes d’Alfred Vaucher, à l’occasion de son centenaire, L’Histoire du Salut. Ce livre publié pour la première fois en 1921 a connu au moins quatre éditions et a été utilisé pour la formation théologique des pasteurs adventistes franco- phones. C’est l’un des tout derniers livres imprimés dans la Maison.
Ventes
Les nouvelles lois françaises sur la vente à domicile compliquent sérieusement le travail des colporteurs : ils doivent laisser aux potentiels acheteurs un délai de réflexion avant de conclure une vente.
Statistiques
En 1983, l’UFB compte encore 35 représentants-évangélistes, la Suisse romande n’en a plus. Les EVS emploient 38 personnes et atteint un chiffre d’affaires de 1 900 000 US$.
En 1988, l’UFB compte 21 représentants- évangélistes, la Suisse romande n’en a plus. Les EVS emploient 30 personnes et atteint un chiffre d’affaires de 1 600 000 US$.
2. De l’arrêt de l’imprimerie à la fin de l’institution de Division
Administration
Il devient très difficile de trouver des personnes qualifiées pour diriger les EVS. Par deux fois des retraités bénévoles venus du monde des affaires relèvent le défi, mais qui ne s’inscriront dans la durée : Aldo Monet, ingénieur, de 1993 à 1998, et Camille Fournerat, commercial, de 2005 à 2006. Entre les deux, le pasteur missionnaire Johann Van Bignoot accepte cette mission de 1998 à 2005. Puis un imprimeur, Didier Gilson de 2006 à 2012, et finalement un pasteur administrateur formé au management, Jean-Claude Nocandy, de 2012 à 2018. Chacun d’eux fait de son mieux pour faire face aux différents défis et tenir à l’équilibre financièrement les EVS.
Plusieurs éditeurs adventistes publient des livres et des périodiques en français : IADPA qui dessert les territoires d’Amérique centrale où il y a de nombreux adventistes francophones ; mais aussi en Europe, par exemple Safeliz dont le public est hispanophone, et Stanborough Press dont le lectorat est anglophone. Ces éditeurs adventistes ont le désir de conquérir une partie du marché francophone d’Afrique qui échappe de plus en plus aux EVS.
En janvier 2001, l’UFB installe ses bureaux dans une partie des locaux des EVS devenus trop grands pour son équipe réduite. Ce partage de locaux permet une diminution des charges d’occupation et d’entretien de la propriété.
Périodiques
Signes des temps
À partir de 1988 la revue devient bimestrielle et paraît tout en couleurs. Les derniers rédacteurs pasteurs sont Michel Mayeur (de 1988 à 1993) et Bernard Denéchaud (de 1993 à 1999). Deux femmes viennent ensuite : Muriel Menanteau, de 1993 à 2001, a une formation théologique ; Claire Bernole, de 2009 à 2018, elle, est la première à avoir reçu une formation professionnelle de journalisme. Claire Bernole modifie la maquette pour donner plus de place à l’illustration. Elle crée de nouvelles rubriques, elle publie un dossier spécifique dans chaque numéro. Malgré les efforts des rédacteurs et rédactrices, la revue ne parvient pas à augmenter son lectorat.
Revue adventiste
La revue d’Église passe sous la responsabilité du département des communications de l’UFB dont Jean-Paul Barquon est le responsable jusqu’en 2018. En plus de la rédaction, il réalise seul la mise en page de la revue qui est offerte gratuitement aux membres de l’église de l’UFB.
Vie et Santé
Marc Guerra après quelques mois de collaboration avec Philippe Augendre prend la revue en main de 1990 à 1994, puis Jean-Claude Roeland, un enfant de la maison, de 1994 à 1999.
Le mensuel passe de 60 à 68 pages pour être vendu dans les kiosques à journaux de la région Rhône- Alpes. Mais cette nouvelle tentative n’aboutit pas aux résultats espérés faute d’investissements financiers suffisants.
Johann Van Bignoot, le directeur, de 2000 à 2002, tente le dernier effort. Mais il faut mettre fin à cette revue de plus de 80 ans (108 si l’on compte les années de son précurseur Le Vulgarisateur). Le dernier numéro sort en juin 2002.
Le Guide d’étude de la Bible pour les leçons de l’École du sabbat se maintient malgré sa diffusion pirate gratuite sur Internet.
Livres
Les principaux auteurs francophones de livres religieux sont alors Roberto Badenas, Jacques Doukhan, John Graz, Thierry Lenoir, Georges Stéveny ; et anglophones, Roger Morneau, George Knight.
Sous l’impulsion de Paul Bleeckx, responsable du département des publications de la Division eurafricaine, des collaborations sont mises en place entre certaines maisons d’éditions adventistes d’Europe. Des livres illustrés en quadrichromie sont publiés dans deux ou trois langues différentes avec la même mise en page et les mêmes illustrations. Par exemple Vivez, communiquez de Nancy Van Pelt, 1997 ou Le Guide des plantes médicinales (2 volumes, 1996) du Dr Jorge Pamplona-Roger ; les éditions Safeliz et Vie et Santé publient une collection appelée Encyclopédie de la santé.
Les derniers livres publiés sont désormais proposés au format de e-book à lire sur des liseuses ou des tablettes.
Ventes
Avec la disparition de la revue Vie et Santé, le réseau des représentants- évangélistessedémantèlepetitàpetit. Pour le territoire français, des stands dans les assemblées adventistes sont tenus par des employés des EVS et des bénévoles. Les plus actifs sont Jean-Claude Véper, un commercial retraité et Anne-Marie Leduc d’abord employée puis bénévole retraitée. Ces stands sont présents dans les grandes églises de la région parisienne après la fin du sabbat puis en permanence à la Maison de l’Espérance, à Paris. Ils sont le moyen le plus efficace des ventes auprès des adventistes.
Un site Internet est mis en place pour vendre aussi sur la toile.
Statistiques
En 1990, l’UFB a encore 35 représentants-évangéliques accrédités, la Suisse romande n’en a plus qu’1, alors que l’Union des Antilles et de la Guyane françaises en compte 27. Les EVS réalisent un chiffre d’affaires de 2 274 000 US$ et comptent 27 employés.
En 2000 : l’Union de l’Afrique du Centre Ouest compte 11 représentants- évangéliques, celle de l’Est-Congo 296, celle de l’Océan Indien 117, celle du Sahel 2, celle de l’Ouest-Congo 98, alors que UFB et la Fédération de la Suisse Romande et du Tessin n’en ont plus. Celle des Antilles-Guyane française en a encore 19 et celle d’Haïti 15. Les EVS vendent encore pour 1 000 000 US$ cette année-là. Il leur reste 12 employés.
En 2009 les EVS réalisent un chiffre d’affaires de 1 450 000 US$ avec 13 employés.
En 2017 les EVS réalisent un chiffre d’affaires de 1 260 000 US$ et comptent 7 employés.
C’est la diminution du nombre d’employés qui limite les pertes financières.
En 2019, les EVS réalisent un chiffre d’affaires de 830 000 US$ et compte encore 6 employés.
3. Depuis le passage au statut d’institution de l’Union Franco- Belge
Le monde de l’édition change, les lois françaises deviennent plus restrictives, l’explosion du numérique rétrécit le champ d’action de l’édition papier. De plus les maisons d’éditions adventistes dans le monde produisent de plus en plus de littérature en français, ce qui réduit l’espace commercial des EVS à l’Europe occidentale francophone. C’est ce qui explique en grande partie le passage de cette maison d’édition du statut d’institution de la Division à celui d’institution de l’Union avec une nouvelle série de défis.
Sur le plan administratif, l’Union ne peut gérer de société commerciale. Sur le plan financier un modèle plus réduit s’impose. Une structure associative est envisagée, mais finalement le statut d’entreprise est maintenu. Le travail éditorial est confié à une personne employée à 70% par l’Union en tant que responsables du département des publications et à 30% par l’entreprise Éditions Vie et Santé. C’est elle qui a la charge des périodiques (édition et diffusion) Signes des temps, Guide d’étude de la Bible et Moniteur.
Benjamin Calmant occupe ce poste en 2019/2020. Formé en théologie et en bibliothéconomie, il transforme Signes des temps en revue trimestrielle de belle apparence (60 puis 52 pages, en quadrichromie, 24 cm x 16,5 cm, dos carré, puis agrafé). Puis Élise Lazarus, pasteure, est chargée de cette lourde tâche à partir de septembre 2020. À ce moment-là, l’UFACSA récupère toutes les parts des EVS pour en devenir l’unique actionnaire et en prend la charge. Un travail de fond est mis en place pour trouver le meilleur système de fonctionnement et permettre à la fois de garder des prix abordables tout en trouvant un équilibre budgétaire. Dès lors le personnel des EVS se compose de Fabienne Pichot pour le graphisme et la mise en page, d’Élise Lazarus, responsable des publications et de Ruben De Abreu, président de l’UFACSA, comme gérant bénévole.
Après une période de promotion, le stock de livres est envoyé en Espagne. Un accord est passé avec les éditions adventistes Safeliz afin de mutualiser les forces, ces dernières, équipées d’un système d’expédition automatisé, s’occuperont des ventes des livres des Éditions Vie et Santé.
Depuis l’été 2021, Élise Lazarus en collaboration avec les fédérations, propose la mise en place dans chaque église d’un responsable des publications locales (RPL) pour faire le lien entre les EVS et l’église locale.
En septembre 2021, le site viesante. com permet de passer des com- mandes groupées livrées à l’église pour limiter les frais de port. Puis, en novembre 2021, est ouvert un nouveau site : publicationsadventistes.com pour la vente des livres des Éditions Vie et Santé en partenariat avec Safeliz. Entre septembre 2021 et mars 2022 quatre livres sont publiés sur précommandes : Le Manuel du disciple, Suivre l’Esprit de Peter Roennfeldt, Réussir en 2 minutes chrono de John Graz, et Genesis de Jacques Doukhan. Ces quatre ouvrages sont de belles réussites correspondant visiblement aux besoins des adventistes et de leurs relations.
Et l’avenir ?
Dans les prochaines années, les EVS se proposent de publier 3 ou 4 nouveaux livres par an, en choisissant des titres qui leur semblent essentiels pour les membres. Elles participeront aussi à des co-éditions.
Les EVS continueront à fournir les manuels d’École du sabbat et à faire de Signes des temps un outil d’évangélisation utile aux églises comme aux membres.
Elles poursuivront ses efforts pour renforcer les liens avec les fédérations (présence d’un stand dans les grandes assemblées, consultation des responsables d’évangélisation fédéraux pour les sujets de Signes des temps, soutien des projets fédéraux). L’équipe espère qu’en se concentrant sur l’essentiel de sa mission, les EVS grandiront à nouveau petit à petit afin de toujours mieux servir Dieu.
La vieille dame qui fête ses 100 ans a imprimé et diffusé des tonnes de textes pour partager avec les lecteurs francophones les privilèges et responsabilités que donne la grâce de Dieu dans tous les domaines de la vie. Que toutes celles et tous ceux qui ont contribué à cette mission soient remerciés !… Que les deux jeunes dames qui la font vivre aujourd’hui soient soutenues et encouragées par tous !
Bernard Sauvagnat, Ancien rédacteur de Signes des temps et de la Revue adventiste. Auteur de trois livres publiés par les EVS.