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Par Ángel Manuel Rodríguez | Adventist World, février 2023

Dans 1 Rois, la mention du nombre 666 est-elle importante pour l’interprétation du nombre 666 dans Apocalypse 13.18 ?

Oui, c’est possible. En général, on considère que dans la Bible, le nombre 666 représente quelque chose de maléfique et de menaçant. Je suggère que 666 est associé dans la Bible à quelque chose de bon qui, entre les mains de Babylone, est devenu un outil de tromperie en ce qu’elle prétend être quelque chose qu’elle n’est pas. Dans la Bible, on trouve deux autres endroits où le chiffre 666 est mentionné dans un contexte positif.

RICHESSES, BÉNÉDICTION, ET 666

Dans 1 Rois 3.12,13, Dieu promet de donner à Salomon un cœur sage, intelligent, et de lui accorder de grandes richesses. Plus loin, le récit nous révèle l’ampleur de ces richesses : « Le poids de l’or qui arrivait à Salomon chaque année était de six cent soixante-six talents d’or » (10.14). Cette quantité d’or était l’expres- sion de la bénédiction divine. On pourrait suggérer que cette compréhension de la bénédiction divine, associée à 666, est utilisée par la bête de l’Apocalypse pour sug- gérer qu’il est l’accomplissement de la bénédiction de Dieu ; qu’il est une bénédiction pour tous. Cependant, dans le contexte d’Apocalypse 13, lequel met l’accent sur la loi de Dieu, ce nombre sert à démasquer la bête en tant que puissance trompeuse. La bénédiction du Seigneur, explicitement associée au sabbat du septième jour (Gn 2,3), est ici mise en relation avec le chiffre six, lequel indique l’absence absolue de la bénédiction.

LE PEUPLE DE DIEU ET 666

Le deuxième passage est celui d’Esdras 2.13, où 666 se rapporte à Babylone (v.1). Parmi ceux qui sont revenus de Babylone à Jérusalem, le clan d’Adonikam compte un total de 666 personnes (Es 2.13). Ce nombre représente clairement un certain nombre des membres du peuple de Dieu qui ont écouté l’appel divin à quitter Babylone et qui, dans l’obéissance à celui-ci, ont effectivement quitté Babylone. Il se pourrait que dans l’Apocalypse, le chiffre 666 soit employé par la bête pour suggérer de manière trompeuse qu’elle est une expression du peuple obéis- sant de Dieu. L’Apocalypse démasque cette tromperie en plaçant 666 dans le contexte de la marque de la bête en tant que contrefaçon du sceau de Dieu – la bête n’appar- tient pas au peuple de Dieu parce qu’elle ne se soumet pas aux commandements de Dieu.

BÉNÉDICTION, PEUPLE DE DIEU, ET BABYLONE

Lequel de ces deux textes fournit l’arrière-plan du symbolisme de 666 dans l’Apocalypse ? L’argument en faveur d’Esdras 2.13 est affaibli par le fait que dans ce texte, 666 pourrait être une erreur du scribe et que le nombre original pourrait avoir été 667 (voir le texte parallèle dans Ne 7.18). Ou peut-être que l’original était 666 et que l’erreur du scribe se trouve dans Néhémie, auquel cas Esdras 2.13 serait utile pour comprendre 666 dans l’Apocalypse. Ce qui fait sans doute pencher la balance en faveur de 1 Rois 10.14, c’est qu’ici, ainsi que dans Apocalypse 13.18, le nombre est contextuellement associé à la sagesse divine. Dans ce cas, notre compréhension de 666 telle qu’énoncée ci-dessus s’appliquerait à la bête. Si nous concluons que 1 Rois 10.13 et Esdras 2.13 sont des références correctes à 666, alors une combinaison des deux suggestions faites ci-dessus pourrait être valide. La Babylone de la fin des temps prétendrait être l’expression de la bénédiction divine et une manifestation du peuple obéissant de Dieu, alors qu’en réalité, elle est une imperfection tordue des deux parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, comme le démontre l’accent mis sur la marque de la bête et le nombre 666 en tant que contrefaçon du sceau de Dieu.


Ángel Manuel Rodríguez, maintenant à la retraite, a servi en tant que pasteur, professeur, et théologien.