Skip to main content

Par Sully PAYET | Octobre 2024 | pour la Revue Adventiste

Introduction : La grande déception

Si la première déception de mars 1844 fut amère, celle de cette fin octobre 1844 fut encore plus dure à comprendre. Ceux qui avaient proclamé et/ou cru avec exubérance au message de la venue de Jésus, et donc de la fin du monde, se trouvaient maintenant couverts de ridicule par leurs contemporains. Se remémorant l’expérience de cette déception, Washington Morse osa même un parallèle entre la déception des Millérites et celle des disciples après la crucifixion de Jésus : « Ce fut une terrible épreuve de foi et de patience. »

Les conséquences de la déception

Cette déception se transforma en désillusion pour la majorité qui abandonna sa conviction du retour de Jésus. Pour ceux qui croyaient encore, c’était le moment des divisions où plusieurs « avançaient des arguments contradictoires sur le sens à donner à leur expérience et la vérité au sujet du retour de Christ. » Malgré tout, cette déception fut, il faut le reconnaître, une expérience fertile pour « le petit troupeau » qui allait être à l’origine du mouvement de l’Église Adventiste du Septième Jour.

Nous pouvons retenir aujourd’hui au moins trois choses importantes de cette déconvenue cruelle. Ce fut le moment de :

  1. Réétudier les Écritures
  2. Redécouvrir l’importance biblique du sanctuaire
  3. Réaffirmer la pertinence du retour de Jésus

La redécouverte des vérités bibliques

Ils choisirent de prendre le temps de communier avec Dieu par la prière et l’étude de Sa Parole, à la fois de façon individuelle et collective. Ils ont voulu se référer à Celui qu’ils attendaient pour qu’Il leur révèle ce qu’ils n’avaient pas compris. L’étude intensive et régulière de la Bible a permis de redécouvrir et/ou confirmer des vérités bibliques, telles que l’immortalité conditionnelle, l’importance de la loi de Dieu dans son entièreté, le sanctuaire, le jugement, l’explication des prophéties (particulièrement Daniel 7, 8, 9, & Apocalypse 10, 12-14), et le message des trois anges. Une fois convaincus d’une de ces vérités découvertes, ils la partageaient avec d’autres (visites, prédications, publications [pamphlets ou journaux]).

Un processus de six ans

Il aura fallu environ six ans pour que ces vérités émergent : six ans de prière et d’études approfondies, choisis pour désapprendre et apprendre ! Ont-ils tout compris ? Évidemment que non ! Mais ce fut le départ de ce mouvement que nous osons appeler « le peuple du Livre. » Le sommes-nous encore aujourd’hui ? Pouvons-nous dire personnellement et collectivement, comme nos pionniers, que nous aimons étudier quotidiennement et redécouvrir Dieu et Ses vérités dans sa Parole ? Nous croyons toujours dans le principe de révélation progressive. Et nous devons choisir de continuer d’apprendre et de désapprendre.

La vérité du sanctuaire : une perspective renouvelée

La vérité du sanctuaire telle qu’elle fut redécouverte par nos pionniers ne semble plus au goût du jour pour certains. Dois-je les condamner ? Nous mettons l’accent souvent sur des périodes (2300 soirs et matins, 1200 jours, …). Nous croyons savoir leur début et leur fin (dates pas toujours aussi simples à déterminer, à moins que l’on soit expert !) basés sur le principe ‘un jour prophétique égal à une année littérale’.

Et cela est important pour justifier qui nous sommes par rapport à ce que les Écritures nous affirment et exprimé dans la croyance fondamentale 24 (seule croyance qui nous distingue des autres chrétiens). Nous insistons sur deux phases distinctes du ministère de réconciliation de Jésus : intercession, puis instruction du jugement.

Le cœur du message du sanctuaire

Je crois que nous avons raison de le faire dans la mesure où nous rappelons la vérité essentielle du sanctuaire, à savoir la communion entre Dieu et les êtres humains (Exode 25.8 ; 29.45 ; Apocalypse 21.3). Nous croyons toujours dans le besoin individuel de chaque croyant du pardon Divin par l’intermédiaire d’un intercesseur entre Dieu et les hommes (un souverain sacrificateur ayant un ministère supérieur [Hébreux 8:1], un médiateur supérieur [8:6]), au travers du sanctuaire plus excellent qui est au ciel [8:2]), au moyen du sacrifice par excellence : Jésus [8:3]), pour satisfaire à la Loi (que Dieu veut inscrire dans le cœur [8:10]), et pour amener les hommes à une connaissance-relation parfaite de Dieu [8:12].

L’importance de la relation personnelle

Les périodes et les dates prennent un sens quand je cherche d’abord chaque jour à entrer en relation avec Celui qui est mort, est ressuscité, est monté au ciel, intercède pour moi (Daniel 10; Hébreux 8; 10.19-24). Qu’est-ce que le sanctuaire pour moi dans ma vie de tous les jours, dans ma relation avec les autres, y compris des non-adventistes ? Des périodes et des dates seulement ? Ou aussi une relation intime et vécue à proposer ?

L’assise théologique du sanctuaire en particulier, et Adventiste de façon globale, se doit d’aboutir à la fois à un vécu personnel choisi, distinct, avec Celui qui le propose, Dieu, et aussi à un vécu pertinent de nos convictions avec nos semblables sans nous exclure du « monde » (Jean 17.11, 16-18).

Le retour de Jésus : une espérance toujours vivante

Après 180 ans d’attente depuis nos pionniers à espérer, nous croyons toujours dans un retour « littéral, personnel, visible et de portée mondiale » de notre Sauveur et Seigneur que nous attendrons vivant, ou que nous passerons par la mort et la première résurrection. Nous osons croire encore parce que c’est Jésus lui-même qui nous l’a promis (Jean 14.1-3).

Malgré tout, je crois que nous devons nous rappeler que le retour de Jésus n’aboutira pas à la vie éternelle. La vie éternelle à laquelle, je veux croire, nous aspirerons tous, n’est pas un endroit. Nous vivrons la vie éternelle dans un endroit, certes ! (2 Pierre 3.13). Mais la vie éternelle est et reste, la Bible l’affirme, un choix : celui dès à présent de connaître intimement, communier, vivre avec « le seul vrai Dieu, et celui [qu’Il a] envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17.3).

Attendre Jésus, c’est comme la fiancée qui se prépare à son mariage. Elle attend parce qu’elle a déjà choisi et accepté celui qui va devenir son futur mari. Elle a choisi une relation même avant la consommation du mariage. La cérémonie vient alors démarrer la vie commune choisie que nous espérons va durer « jusqu’à ce que la mort nous sépare ».

L’urgence de l’aujourd’hui

William Miller l’avait bien compris quand il écrivait : « Bien que j’aie été déçu deux fois, je ne suis pas encore abattu ni découragé. … J’ai fixé mon esprit sur un autre temps, et c’est là que je compte me tenir jusqu’à ce que Dieu me donne plus de lumière, et c’est aujourd’hui, AUJOURD’HUI, et AUJOURD’HUI, jusqu’à ce qu’Il vienne, et que je voie Celui auquel mon âme aspire. »

Ayant prêché depuis maintenant 180 ans que Jésus revient « bientôt » (Apocalypse 22.20) sans voir cette proclamation se réaliser, l’Église Adventiste du Septième Jour peut être fortement tentée de tempérer, voire d’abandonner son emphase du départ au risque de perdre sa propre identité eschatologique. Néanmoins, l’avertissement de Paul demeure plus pertinent aujourd’hui que jamais : « Prenez cela d’autant plus au sérieux que vous savez en quel temps nous sommes : le moment est venu de vous réveiller de votre sommeil. En effet, le salut est plus près de nous maintenant qu’au moment où nous avons commencé à croire » (Romains 13:11).

 

Né en 1978 à l’Île de la Réunion, Sully PAYET est marié à Alphie et père de deux enfants, Anne et Aldwyn. Titulaire d’un doctorat en religion avec spécialisation en Ancien Testament de l’Adventist International Institute of Advanced Studies, il enseigne actuellement la théologie, se concentrant sur la dogmatique et l’eschatologie. Pasteur consacré depuis 2008, le Dr PAYET combine son expertise académique avec une profonde spiritualité, cherchant à inspirer ses étudiants à vivre leur foi au quotidien.

——

¹ Advent Review And Sabbath Herald, 7 Mai 1901, p.291.
² George Knight, Notre Église : des moments historiques et décisifs, p.26.
³ Ellen G. White, Messages Choisis, vol. 1, p. 42.
⁴ Alberto R. Timm, “Miniature Symbolization and the Year-day Principle of Prophetic Interpretation,” AUSS 42 (Spring 2004): 149-167.
⁵ Richard Davidson, A Song for the Sanctuary, 2022 ; John C. Peckham, God With Us, 2023, p.531-580.
⁶ Alberto R. Timm, « Longing for his Appearing”, Ministry July/August 2015, p.6-9.
⁷ Romains 13:11.
⁸ Tite 2:13.
⁹ Jean 17:3.
¹⁰ William Miller, The Midnight Cry, 5 décembre 1844, p. 179, 180.

Restez informés

Retrouvez cet article dans l’édition d’octobre 2024 de la Revue Adventiste et abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les dernières actualités de la Revue Adventiste, du BIA-ANN et de la communauté adventiste en France.

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

Ensemble pour une foi vécue au quotidien

Leave a Reply