Par Gaspar Colón | Adventist World, juin 2023
La douleur et le chagrin sont une réalité universelle. Personne n’y échappe. Il suffit de regarder la télé, de parcourir les médias sociaux, et de suivre les chaînes d’information pour découvrir une souffrance omniprésente – famines, catastrophes naturelles, pestes, pandémies, traite des êtres humains, maladies, mort, violence conjugale, toxicomanie, guerres, persécution, génocide, xénophobie, fusillades de masse, changements climatiques, catastrophes économiques, persécution religieuse… Et la liste s’allonge.
Les questions brûlantes que l’on se pose le plus souvent sont les suivantes : Comment se fait-il qu’un Dieu bon, omnipotent et omniscient permette tant de souffrance dans le monde ? S’il est tout-bon et tout-aimant, pourquoi permet-il alors que des bébés meurent, que des guerres ravagent tout, et que de bonnes personnes souffrent ? S’il est omnipotent et omniscient, pourquoi ne met-il pas un terme à tout ça ?
Beaucoup trop d’entre nous concluent que, compte tenu de toute la souffrance dans le monde, il ne peut y avoir de Dieu.
LE REJET DU PLAN A
Les deux premiers chapitres de la Genèse décrivent la création originelle de Dieu : un monde parfait, exempt de souffrance, dans lequel les êtres humains jouissaient d’une relation directe avec Dieu. Ainsi, lorsque Dieu créa Adam et Ève – le premier homme et la première femme – il leur offrit un monde parfait et bon, avec tout ce dont ils avaient besoin pour vivre heureux éternellement. Ils avaient un accès illimité à Dieu et à tout ce qu’il avait créé, à l’exception de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2 ; 3). Par ce test de loyauté, Dieu établissait avec amour le fait que l’humanité est dotée du libre arbitre – du pouvoir de choisir le bien ou le mal. Dans ce monde bon qu’il avait créé, le Créateur permit aux hommes de faire des choix.
C’est alors que Satan entra en scène. Il insinua qu’en leur refusant les fruits de cet arbre, Dieu privait Adam et Ève de leur droit de subvenir à leurs besoins et d’être comme des dieux. S’ils mangeaient de cet arbre, ils n’auraient plus besoin de dépendre du Créateur et pourraient subvenir eux-mêmes à leurs propres besoins.
Mais en faisant ce choix, ils brisèrent leur relation avec Dieu. Ceci entraîna une quête perpétuelle d’autosuffisance et de satisfaction égocentrique (le péché), laissant dans son sillon l’imperfection, la souffrance et la mort dans un monde auparavant parfait. C’est alors que Dieu mit en branle un plan préétabli pour vaincre le péché : il offrirait son Fils unique (Jn 3.16), lequel vaincrait Satan (Gn 3.15) en prenant sur lui la peine du péché – la mort – et en ressuscitant pour offrir à tous ceux qui se réclament de sa victoire une réconciliation éternelle avec Dieu.
Entre-temps, alors que nous nous retrouvons en plein cœur de la bataille entre le bien et le mal, nous sommes témoins des conséquences du péché autour de nous, et reconnaissons que les supercheries de Satan les perpétuent. Mais Dieu a fourni un plan divin de salut par l’intermédiaire de Jésus ! En outre, il incite ses rachetés à s’impliquer dans l’aide envers ceux qui souffrent des inévitables dommages collatéraux de la guerre pour le cœur de l’humanité.
S’ASSOCIER À DIEU
Satan veut que nous imputions la souffrance que lui-même provoque à un manquement de la part de Dieu. Fort heureusement, les Écritures corrigent le tir : elles nous révèlent que Dieu exhorte constamment ses disciples à refléter son caractère en s’associant à lui pour soulager la souffrance, et à prendre soin de ceux qui sont pris au milieu de la lutte cosmique entre le bien et le mal. Voici quelques exemples de la manière dont Dieu conduit ses disciples à apporter la guérison.
Dieu a promis à Abram que toutes les nations de la terre seraient bénies par son intermédiaire (Gn 12 et suiv.). Il a utilisé la période d’esclavage de Joseph pour sauver l’Égypte ainsi que sa propre famille de la famine (Gn 37-50).
Dieu a exprimé à Moïse son désir de délivrer son peuple de la captivité en Égypte en ces termes : « J’ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu les cris que
lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays où coulent le lait et le miel […] Maintenant, va, je t’enverrai auprès de Pharaon, et tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les enfants d’Israël. » (Ex 3.7-10)
Selon son propre témoignage, Job a secouru les pauvres qui appelaient au secours, et les orphelins qui n’avaient personne pour les aider.
Il était un père pour les nécessiteux et examinait à fond le cas de l’inconnu (Jb 29.11-17). Dieu appelle constamment ses disciples à être des instruments de guérison dans la souffrance. Il lance à son peuple le défi suivant : « Ouvre ta bouche pour le muet, pour la cause de tous les délaissés. Ouvre ta bouche, juge avec justice, et défends le malheureux et l’indigent. » (Pr 31.8,9)
Jésus lui-même a caractérisé son ministère terrestre en citant Ésaïe 61 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. » (Lc 4.18,19) Jésus est, en quelque sorte, l’incarnation du jubilé, apportant la guérison au monde en désamorçant les structures sociales et économiques qui oppriment les êtres humains.
À NOUS DE CHOISIR !
L’Évangile éternel célèbre le fait que nous sommes sauvés du péché par la grâce de Dieu ; que Jésus a vécu une vie de service et de dépendance totale à l’égard de son Père ; qu’il est mort sur la croix, prenant sur lui la peine du péché – la mort ; qu’il est ressuscité, a vaincu la mort, et offre à « quiconque croit en lui » la vie éternelle (voir Jn 11.25,26).
Il a promis de revenir pour racheter ses disciples. En attendant son retour, ceux-ci sont appelés à proclamer cet Évangile éternel et à refléter le caractère de Dieu en se dépensant dans un service d’amour pour « l’un de ces plus petits de [ses] frères » (Mt 25.31 et suiv.).
Alors que tant d’entre nous cherchent qui blâmer pour la souffrance que nous vivons et dont nous sommes témoins chaque jour, nous sommes appelés à refléter l’amour guérisseur de Dieu. Notre Père nous appelle à choisir soit de perpétuer les ravages du péché dans le monde, soit de nous ranger du côté de celui qui offre la guérison et restaure son image en nous.
Gaspar Colón, titulaire d’un doctorat, ainsi que d’une maîtrise en santé publique, est pasteur à la retraite de l’Église adventiste.