Par Daniel Monachini | Revue Adventiste Janvier 2023
Souvent quand on ressent ou perçoit l’envie de s’engager pour le Seigneur, on est envahi d’un sentiment d’incapacité ou de manque de maturité, d’expérience.
La question se pose : « Mais à la fin, moi, qui suis-je, pour essayer d’influencer, de transformer la vie de quelqu’un d’autre ? ». Nous avons cité plus tôt l’exemple de l’apôtre Paul et face à des géants de la foi, on se sent peu de chose.
Et pourtant, c’est dans l’expérience de l’apôtre Paul que j’aimerais puiser un exemple fort. Une personne mise de côté, et qui malgré tout deviendra un pilier de l’église naissante parce que, malgré un moment de doute, de fragilité, d’égarement, quelqu’un croira en lui.
J’aimerais vous parler de Marc, appelé aussi Jean-Marc. Paul écrira à Timothée que Marc lui est précieux pour le ministère ! Il écrira à Philémon, qu’avec Epaphras et Luc, il est un de ses compagnons de captivité, il le définit comme un compagnon d’œuvre. Aux Colossiens il écrira une recommandation afin de l’accueillir, s’il va chez eux. Enfin, même l’apôtre Pierre dans sa première lettre l’appellera son fils. Voici donc un compagnon des apôtres, utile, précieux, recommandé aux églises, qui est probablement l’auteur du deuxième évangile. Qui aurait pu voir son service s’arrêter parce que, dans un moment de difficulté, le grand apôtre avait cessé de croire en lui ?
Le livre des actes nous raconte qu’étant à Antioche après le début de leur ministère, Paul et Barnabas décident de retourner visiter les frères dans toutes les villes où ils ont annoncé la parole. Actes chapitre 15 verset 35 et suivants, nous raconte cet épisode. Barnabas propose d’emmener Jean surnommé Marc, avec eux, mais Paul refuse car pendant leur premier voyage, Marc découragé, fatigué les avaient quittés. Pour Paul c’est un abandon ! Pas pour Barnabas qui voit au-delà de ce moment de fragilité, de vulnérabilité et continue à croire dans ce jeune collègue.
Le texte nous décrit un vif désaccord entre les deux hommes au point qu’ils décident de se séparer et d’aller chacun de leur côté pour continuer la mission ! Deux hommes guidés par l’Esprit de Dieu, nous n’avons aucun doute là-des- sus, deux amis qui ont commencé la mission auprès des païens, deux hommes qui ont combattu contre ceux qui refusaient de voir des païens rejoindre l’église primitive. Et pourtant, un désaccord tel se produira qu’il les amènera à se séparer. Paul partira avec Silas pour continuer la mission, Barnabas avec Marc. Heureux choix de Barnabas. Il décèle le besoin de soutien, d’encouragement, d’une seconde opportunité dont Marc a besoin.
Reconnaissons-le, nous avons tous besoin de soutien, d’encouragement, de nous nourrir de ces magnifiques expériences bibliques pour savoir que Dieu veut collaborer avec nous, qui que nous soyons, quelle que soit notre expérience, car nous sommes utiles au Seigneur.
Paul dans ses lettres à Timothée, ce sont ses derniers écrits, apprendra certainement de ses erreurs avec Marc et encouragera Timothée à ranimer et à ne pas négliger le don qui est en lui. 1 Tim 4 .11 et 2 Tim 1:6. Deux très belles expressions. Un don peut parfois être négligé ou parfois il doit être ranimé. Cela veut dire que tout n’est pas simple dans la volonté de servir le Seigneur et notre prochain. On peut connaître le doute, le découragement, la perplexité, le questionnement. Pensez-vous que Daniel n’a pas douté lors du long voyage en tant que déporté vers Babylone, avant de servir son Dieu en pays idolâtre ? Pensez-vous que Joseph depuis sa prison d’Égypte, et après la trahison de ses frères et de son patron Potiphar, n’a pas connu des périodes de questionnement ou de doutes ? Moïse, jeune prince, après l’échec de début de libération de son peuple, le meurtre d’un garde égyptien et la fuite au désert, pensait-il, lui, le berger solitaire, être à nouveau utile au Seigneur ? Pensez-vous retrouver Marie Madeleine, l’ancienne possédée, la démoniaque, comme premier témoin de la résurrection du Christ ? La vie du croyant, du disciple engagé lui réserve bien des surprises mais aussi des victoires et de belles réussites avec et pour le Seigneur.
Alors quel que soit ton âge, ton genre, ton histoire, n’attends plus et réponds à l’appel du Seigneur.
Ce matin, ici devant vous, nous sommes tous les quatre involontairement le témoignage de cette originalité de notre Dieu. Ruben, Jeroen, Jean-Jack et moi-même, nous ne sommes pas nés dans le même pays et nous n’avons même pas été élevés dans la même langue ou avec les mêmes traditions. Pourtant, le Seigneur nous a appelés et formés pour le service ; nous nous retrouvons ici ce sabbat, unis par la mission et notre objectif commun est de servir notre Dieu dans cette union.
Alors n’hésite plus. Réponds à son appel et accepte une vie de service, d’engagement et animée par une vocation forte, profonde et porteuse de sens.
1 NYT, 05 mars 2021, Leight Stein, The Empty Religions of Instagram – How did influencers become our moral authorities?
2 Idem; I have hardly prayed to God since I was a teenager, but the pandemic has cracked open inside me a profound yearning for reverence, humility and awe. I have an overdraft on my outrage account. I want moral authority from someone who isn’t shilling a memoir or calling out her enemies on social media for clout. (…) “I told her that I find myself crav- ing role models my age who are not only righteous crusaders, but also humble and merci- ful, and that I’m not finding them where I live (online). Referring to the influencers who have filled the void religious faith has left for people like me, she said, “They might inspire you to live your best life but not make the best use of your life. » Stein, The Empty Religions of Instagram – How did influencers become our moral authorities?