Par Melchor Ferreira | DIA
Il s’agit d’une histoire vraie, touchante et incroyable qui paraît sortie directement de ce que la réalité a de plus dramatique à offrir. C’est donc l’histoire d’Anderson Represa, un jeune homme adventiste du septième jour du Salvador. Son expérience a touché la vie de nombreux enfants et jeunes qui ont assisté au 5e camporée des Éclaireurs de la Division interaméricaine en Jamaïque.
Je sais qu’en tant que narrateur du récit, je devrais être objectif et ne pas laisser mes émotions transparaître dans mon écriture. Mais c’est impossible après avoir entendu l’histoire dramatique que je m’apprête à partager. J’avais les yeux pleins d’eau et une boule dans la gorge pendant que, enregistreur à la main, j’écoutais chaque détail de la vie de ce fervent rêveur, un membre adventiste jeune et spirituel, très actif dans son club des Éclaireurs et dans son église locale.
Les dirigeants d’église, les pasteurs et les anciens se souviennent de lui comme d’un jeune exceptionnel, dynamique et responsable, quelqu’un qui participait à presque toutes les activités organisées par son église. Anderson a étudié dans le système d’éducation adventiste, où il a appris à aimer ses classes d’Aventuriers et d’Éclaireurs pour plus tard devenir un dirigeant de jeunesse.
Anderson aimait prêcher et témoigner pour Jésus, et il n’avait pas peur de dire à ses amis qu’il était un fils de Dieu, sauvé par la merveilleuse grâce de Jésus. Il a fait la même chose lorsqu’il fréquentait la faculté de médecine d’une université publique de son pays, où il est devenu un étudiant exceptionnel. Comme Daniel à Babylone, il n’a pas laissé tomber la bannière de la vérité.
C’était en novembre 2022 et quelques dirigeants sont arrivés à son église de Soyapango, dans l’est de la ville, pour promouvoir le 5e camporée de la Division interaméricaine. Il a demandé à faire partie de la délégation du Salvador.
En préparation pour le camporée du territoire interaméricain, l’Union du Salvador a organisé un rassemblement de jeunesse du 16 au 18 décembre 2022. Anderson était là et a confirmé son désir d’assister à l’événement international en Jamaïque.
Sa participation marquante à ce congrès de jeunesse a rapidement attiré l’attention de l’organisateur de l’événement, le pasteur Luis A. Aguillón, secrétaire exécutif et directeur de jeunesse de l’Église adventiste du septième jour au Salvador. Le pasteur Aguillón lui a parlé et ils ont échangé paroles et impressions sur leur excitation d’assister au camporée en Jamaïque.
« Je l’ai vu rempli de tellement de rêves et de projets, et j’étais ravi de savoir qu’il serait là », a dit le pasteur Aguillón.
À peine quelques jours plus tard, le 24 décembre, il a reçu un appel qui l’a laissé sans mots. « Venez, s’il vous plaît, prier pour Anderson, car il est très malade », lui a-t-on dit.
Lorsqu’il est arrivé, le pasteur Aguillón peinait à croire ce qui se passait. Les médecins ont dit à sa famille qu’Anderson venait d’être diagnostiqué d’une tumeur au cerveau et qu’il était en phase terminale.
Anderson ne s’est pas découragé. Il a appelé son père, qui vit aux États-Unis, et a rassemblé la plupart de ses amis et des membres de sa famille. Parmi eux, il y avait son frère Tony, 24 ans, qui s’était éloigné de l’Église. Anderson a dit à Tony que, même s’il devait faire face à la mort, il le ferait dans l’espoir de voir son église et sa famille dans le royaume des cieux.
S’adressant directement à son frère, Anderson, qui avait 20 ans, lui a dit, « Mon frère, je veux te voir au ciel quand Jésus reviendra. » C’était très émouvant, parce qu’il a tout de suite ajouté ceci : « Je voudrais que tu fasses deux choses pour moi. D’abord, je veux que tu ailles au camporée des Éclaireurs en Jamaïque, même si je meurs. Ensuite, je veux que tu reviennes à l’église et que tu t’impliques dans le plan d’évangélisation qui consiste à parler au monde du merveilleux amour de Jésus. »
Tony a commencé à pleurer de manière inconsolable. Il a enlacé Anderson en lui promettant de le faire s’il mourait.
Anderson est décédé en janvier 2023. Ce fut un événement qui a touché Tony droit au cœur, et il a immédiatement confirmé qu’il prendrait la place de son frère au camporée. Aujourd’hui, nous pouvons voir Tony dans les gradins du stade, participant aux activités de l’événement. Il se promène, il réalise le souhait de son frère, portant même son nom. Il représente un chef-guide, une personne qui était enthousiasmé par son club des Éclaireurs. Et par-dessus tout, il représente un missionnaire qui est mort pour que son frère puisse vivre sa foi.
« Dieu sait ce qu’il fait, a dit Tony. Mon frère est mort pour que je revienne entièrement à l’église et que je renouvelle ma relation avec Dieu. »
La mort a arraché Anderson avant qu’il ne puisse accomplir son désir d’assister à cet événement international. Son frère, Tony, par contre, participe maintenant à l’aventure la plus réjouissante de sa vie. Il dit être très impatient de revoir Anderson lors du glorieux matin de la résurrection, de lui dire qu’il était en Jamaïque, que l’événement a grandement touché sa vie et que le Seigneur l’a atteint et transformé. « Je veux lui dire, “J’ai honoré ma promesse, mon frère, j’ai réalisé ton vœu. Je suis allé en Jamaïque et Jésus a changé ma vie” », a ajouté Tony.
À la fin de mon entrevue, Tony avait les yeux plein d’eau. En fait, nous avons dû prendre plusieurs pauses durant l’entrevue pour lui permettre de respirer et de cesser de pleurer pour son frère. Mais en dépit de tout cela, son cœur est rempli d’espoir, l’espoir de revoir son frère lors des derniers sons de la trompette.
C’est avec cet espoir que Tony a pris des décisions capitales. « Je sais que mon frère a scellé son salut, a-t-il dit, maintenant, c’est à mon tour et à celui de mes parents d’avoir la chance de retourner au Seigneur et de lui être fidèles afin que nous puissions revoir mon frère. Chaque fois que je vois et porte son nom à cet événement, a-t-il conclu, je confirme mon désir d’être fidèle au Seigneur, d’annoncer au monde que Jésus revient bientôt. »
Melchor Ferreyra est le directeur des ministères personnels de la Division interaméricaine.
Traduction : Marie-Michèle Robitaille